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À Bahreïn, c'est diviser pour mieux régner

Reese Erlich, Sébastien Martineau27 décembre 2012

Début 2011, les manifestations du Printemps arabe à Manama on été durement réprimées. Aujourd'hui, l'opposition soupçonne le gouvernement de vouloir creuser les lignes de faille entre sunnites et chiites. Reportage.

Hamed ben Issa al-Khalifa, roi de Bahreïn depuis 2002
Hamed ben Issa al-Khalifa, roi de Bahreïn depuis 2002Image : dapd

Au moment où le Printemps arabe a atteint Bahreïn, en février 2011, Jihan Kazerooni travaillait comme banquière spécialisée dans les placements. Une situation confortable. Jihan est chiite. Et contrairement à la majorité des chiites, elle s'est d'abord montrée méfiante vis-à-vis de ce mouvement de révolte :« J'ai cru la télévision quand elle a dit que les manifestants avaient des armes et qu'ils prenaient des sacs de sang à l'hôpital, pour se les verser dessus et faire de la propagande... que les manifestants étaient des menteurs. Puis un jour, j'ai décidé qu'il fallait que je voie par moi-même ce qui se passait sur place. »

Jihan Kazerooni s'engage désormais pour les droits de l'HommeImage : DW/R. Erlich

Elle s'est alors rendue au rond-point de la Perle, le centre des manifestations. Il y avait là des dizaines de milliers de Bahreïnis, chiites et sunnites côte à côte.

« Quand je suis arrivée au rond-point de la Perle, j'ai vu une chose dont je me souviendrai toute ma vie. Je n'ai pas dormi pendant trois jours. J'ai vu la police attaquer les manifestants, des gens désarmés. »

Des tentatives pour influencer les partis d'opposition

Cette solidarité entre sunnites et chiites, le gouvernement a tout fait pour la détruire et affaiblir ainsi l'opposition. C'est ce qu'affirme Jihan Kazerooni. Ali Salman est le chef d'Al Wefaq, le principal groupe d'opposition à Bahreïn. Lui aussi accuse la monarchie - sunnite - d'essayer de diviser pour mieux régner :

« Ils nous ont dit : ces sunnites, ce sont de mauvaises personnes, surtout les Frères musulmans et les salafistes. Ils sont mauvais. Mais nous croyons en vous. »Le gouvernement, lui, rejette ces accusations. « Ça ne nous intéresse pas de savoir qu'elle confession est d'accord ou pas avec le gouvernement, affirme Abdul-Aziz al-Khalifa, porte-parole de l'exécutif. Ce qui nous intéresse, c'est quels éléments, à l'intérieur de ces groupes, choisissent la violence pour exprimer leurs vues. Et malheureusement, ce sont des vues politiques et religieuses. »

Les habitants du village de Muhazza manifestent chaque semaine, malgré l'interdiction des rassemblementsImage : DW/R. Erlich

Jihan Kazerooni, quant à elle, essaye de bâtir des ponts entre les confessions. Elle a participé à la création de BRAVO, l'Organisation bahreïnie de réhabilitation et pour la non-violence. Elle tente aujourd'hui de venir en aide à des victimes de torture. Aussi bien chiites, que sunnites.

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