À Berlin, Obama fait ses adieux à Merkel
16 novembre 2016En juillet 2008, celui qui était le candidat démocrate à la Maison Blanche était accueilli en popstar à Berlin. Plus de 200 000 personnes sont venues écouter Barack Obama près de la Siegessäule, la Colonne de la Victoire. Une fois élu, il a continué à venir en Allemagne : c'est le pays où il s'est le plus rendu, avec la France. Pour le parlementaire écologiste Jürgen Trittin, le locataire de la Maison Blanche a redoré la blason des États-Unis après l'ère Bush:
"Obama a rendu aux États-Unis son statut de partenaire international. Les relations transatlantiques se sont améliorées."
Le scandale d'espionnage
Sauf que beaucoup d'Allemands n'ont pas oublié les scandales d'espionnage. En 2013, des milliers d'entre eux affichaient dans les rues leur solidarité avec Edward Snowden, qui a mis au jour le système de surveillance de masse de la NSA. Surtout, la presse a révélé que le portable d'Angela Merkel avait été mis sur écoutes. "L'espionnage entre amis, cela ne va pas du tout", avait déclaré la chancelière. Les relations entre les deux alliés étaient alors au plus bas : le chef des services de renseignements américains en Allemagne a même été expulsé.
Depuis, les liens se sont resserrés. Barack Obama a salué la politique d'accueil des réfugiés syriens prônée par la chancelière allemande. En avril dernier, il a même loué sa constance et sa cohérence, expliquant ainsi sa longévité à la tête de la République fédérale. Et selon Niels Annen, porte-parole des sociaux-démocrates en matière de politique étrangère, les Allemands ont apprécié ses deux mandats:
"En résumé, c'est un président très progressif. Son agenda a beaucoup emprunté aux sociaux-démocrates européens. Et c'est pourquoi je pense qu'il va manquer aux gens."
Il va sans doute manquer à Angela Merkel, qui devra dialoguer avec Donald Trump dès janvier. Un homme qui critique sa politique migratoire ou sa défense du libre-échange. La chancelière allemande est propulsée "leader du monde libre" et est chargée de défendre les valeurs démocratiques face à Trump, Poutine ou encore Erdogan. "La tâche de la chancelière vient juste de devenir infiniment plus difficile", a prévenu une analyste de la Fondation Robert Bosch.
Barack Obama reste à Berlin jusqu'à vendredi. Il participera à un mini-sommet avec la chancelière, les chefs de gouvernement britannique et italien, Theresa May et Matteo Renzi, ainsi que le président français François Hollande.