À la rencontre des électeurs de l'après-Moubarak
23 mai 2012Sur des dizaines de mètres, ils font la queue, les femmes d'un côté, les hommes de l'autre. Dans ce bureau de vote à proximité de la place Tahrir, au Caire, beaucoup sont arrivés dès 8 heures du matin. Un marchand ambulant vend du thé et du café et, dans les rangs, on fait connaissance avec le voisin. On s'émerveille de ce vote historique, inimaginable il y a encore un an et demi. Pour Magdi et sa femme, l'émotion est grande. Ils ont 70 ans et ne pensaient pas vivre cela un jour :« Je vois que c'est très bien organisé, pour la première fois. C'est très paisible. Il n'y a pas d'encombrement. Et personne ne donne son impression, chacun est libre de dire se qu'il veut choisir », explique Magdi. Son épouse confirme : « Maintenant, on s'aime. Personne n'essaye de venir avant les autres. On attend notre tour et ça c'est pour le meilleur de l'Égypte. »
Une encre historique
À côté d'eux, Sofia, une professeure de français. Cela fait déjà une heure qu'elle attend, mais au lieu de s'impatienter, elle savoure ce moment : « Déjà, avoir cette chance, avoir cette occasion, avoir l'opportunité de choisir, ça c'est un succès en lui-même. Ça prendra une journée, ça prendra une heure... c'est historique, c'est un plaisir... même d'attendre, d'être là. »
Après l'isoloir, chacun trempe fièrement son doigt dans le pot d'encre bleue pour signifier qu'il a voté. Un geste fort, à tel point que certains repartent la larme à l'œil.
Auteur : Marion Touboul (correspondante)
Édition : Kossivi Tiassou