Elections américaines : qu'est-ce que le collège électoral ?
5 novembre 2024L'élection présidentielle américaine repose sur un système proportionnel très particulier qui détermine le vainqueur du scrutin, au bout d'un seul tour. Au cœur de ce système, il y a les grands électeurs qui composent le collège électoral. Ce dernier a été créé en 1787 par les pères fondateurs des Etats-Unis.
Leur objectif ? Trouver un compromis entre une élection du président au suffrage universel direct - trop risquée selon eux - et une élection par le Congrès, considérée, elle, comme trop peu démocratique. Ce compromis, ce sont donc les grands électeurs désignés dans chaque Etat pour choisir le président.
Comment fonctionne le collège électoral ?
Chaque État a autant de grands électeurs que d'élus au Congrès.
Le Congrès, garant du pouvoir législatif, est lui-même composé de deux chambres : la chambre des représentants, où le nombre d'élus est déterminé en fonction de la population de chaque Etat, et le Sénat, où chaque Etat dispose de deux représentants.
Concrètement, cela signifie par exemple que la Californie, qui est l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis, a aussi le plus grands nombre de représentants au Congrès, soit 55. Tandis que l'Alaska, peu peuplé, n'en a que trois.
Mais revenons-en aux grands électeurs : ils sont 538 au total, souvent des personnalités qui ont rendu service au parti ou au candidat. Ils sont pour la plupart inconnus du grand public. Le candidat à la Maison Blanche qui remporte 270 votes de grands électeurs remporte la victoire.
Pour qui les Américains votent-ils ?
Aujourd'hui, même si les bulletins de vote portent le nom de Trump et Harris, les citoyens américains élisent en réalité les grands électeurs. Et si, pour reprendre l'exemple de la Californie, Kamala Harris remporte la majorité des voix dans cet Etat, elle rafle aussi tous ses grands électeurs.
Il n'y a que deux Etats qui font exception à cette règle : le Nebraska et le Maine. Eux répartissent leurs grands électeurs en fonction du vote de la population et non en fonction du vote majoritaire.
Cela dit, rien dans la Constitution américaine n'oblige les grands électeurs à voter pour le candidat qui obtient la majorité des voix dans leur Etat. Mais les cas de grands électeurs "déloyaux" sont rarissimes dans l'histoire des USA et ils n'ont jamais altéré le résultat final.
Un candidat peut-il devenir président s'il perd le vote populaire ?
Oui, cela s'est produit cinq fois jusqu'ici. L'exemple le plus récent remonte à 2016, quand Donald Trump est devenu président au détriment de la candidate démocrate, Hillary Clinton, qui avait pourtant près de trois millions de voix de plus que lui mais qui n'avait pas remporté le suffrage du collège.
Autre cas intéressant bien qu'improbable : si aucun des candidats n'obtenait la majorité absolue de grands électeurs, c'est la Chambre des représentants qui se chargerait de désigner le vainqueur sur le principe un Etat, une voix.
Le 6 janvier 2025, à l'issue du décompte officiel des votes, le Congrès annoncera solennellement le nom du président ou de la présidente pour une investiture le 20. En général, le résultat de l'élection est connu bien avant, même si, pour cette élection, cela pourrait prendre plusieurs heures ou même plusieurs jours tant la course est serrée.
L'importance des swing states
Un mot enfin sur les "swing states" - ces Etats qui oscillent entre un vote républicain et un vote démocrate - contrairement à d'autres qui votent toujours pareil : la Californie par exemple, bastion des démocrates depuis 1992, ou le Mississippi, républicain depuis 1980.
Les résultats de ces swing states sont particulièrement scrutés car ce sont eux qui, au final, déterminent l'issue des élections. Cette année, ils sont au nombre de sept : l'Arizona, la Géorgie, le Nevada, la Pennsylvanie, la Caroline du Nord, le Wisconsin et le Michigan.