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Évariste Ndayishimiye nommé nouvel envoyé de l’UA au Sahel

18 juillet 2025

Pour l’Union africaine, le choix s’est porté sur le président burundais car celui-ci serait reconnu pour sa fermeté diplomatique et sa capacité à fédérer.

Le président burundais Evariste Ndayishimiye
Le président burundais a réagi sur X en annonçant "accepter avec humilité et responsabilité (...) la noble mission " Image : Tchandrou Nitanga/AFP/Getty Images

Le président burundais Évariste Ndayishimiye a été nommé jeudi 17 juillet, envoyé spécial de l’Union africaine pour le Sahel par le président de la Commission de l’Union africaine, Joao Lourenço, également président de l’Angola.

Les Etats du Sahel, dirigés par des militaires, sont marqués par une instabilité persistante, où les conflits armés, les attaques terroristes et les crises humanitaires continuent de fragiliser les États et les populations. 

Dans ce contexte, le choix d’Évariste Ndayishimiye, lui-même à la tête d’un Etat autoritaire, pour discuter avec des juntes militaires, peut apparaître difficile à comprendre.  

Pour l'intellectuel burundais, David Gakunzi, Évariste Ndayishimiye n’est en rien un fédérateur ni un homme de dialogue. La nomination du président burundais comme émissaire de l’Union africaine pour le Sahel va donc desservir les populations du Sahel. 

Voici son interview :

David Gakunzi : Je ne vois pas comment quelqu'un qui n'arrive pas à fédérer et à ramener la paix chez lui va devenir l'homme de paix dans une région lointaine. Le Burundi est un pays divisé. Le Burundi est un pays qui compte des milliers de réfugiés à l'extérieur. Le Burundi est un pays en instabilité lui même. Alors quand on parle de fermeté diplomatique, quelle est l'expérience de médiation du président burundais ?

DW : Selon l'Union africaine, les atouts du président burundais seraient également son expérience puisque son pays a connu des défis similaires à ceux du Sahel.

"C'est une mesure de communication pour aider le Burundi "

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David Gakunzi : Tout d'abord, le conflit Burundi n'est pas le même que le conflit du Sahel. Deuxièmement, le Président burundais n'est pas encore parvenu à faire rentrer les réfugiés burundais qui sont à l'extérieur. Il y a des journalistes qui sont en prison, est ce que c'est ce modèle de paix qu'on va exporter dans les pays sahéliens? Ensuite, je ne vois pas en quoi quelqu'un qui n'a pas su instaurer la paix chez lui par le dialogue va parvenir à instaurer la paix ailleurs par la médiation. Et en plus la question du Sahel, c'est celle de la religion, du fondamentalisme religieux islamiste. Et je suis désolé, au Burundi on est face aussi à un fondamentalisme mais un fondamentalisme chrétien qui a fait main basse sur l'État.

DW : Si on résume, pour vous cette nomination Évariste Ndayishimiye ne servira en rien les populations du Sahel?

David Gakunzi : C'est presque une mesure de communication pour aider le Burundi à avoir une certaine aura diplomatique au niveau africaine. Mais ce n'est pas pour aider les populations du Sahel. Vous savez, le Sahel a besoin d'un médiateur qui puisse lui rapporter aussi, je dirais un soutien diplomatique international. Or le Burundi est encore un pays isolé au niveau international. Donc je ne vois pas quelles sont les qualités, je ne vois pas quelle est l'ampleur des actions qu'auraient déjà accomplies le président burundais pour qu'on lui confie une mission qui est d'abord une mission morale. Et l'Union africaine à travers cette décision là, franchement, elle se décrédibilise un peu.