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1960-2020 : Le Burkina Faso, entre espoir et déception

Richard Tiéné
5 août 2020

Suite de notre série sur les indépendances africaines. Le 5 août 1960, le Burkina Faso, alors appelé Haute-Volta, accède à l’indépendance. 60 ans après, entre espoir et déception, des témoins majeurs s’en souviennent.

Festivités à Ouagadougou en marge des 60 ans de l'indépendance du Burkina Faso
Festivités à Ouagadougou en marge des 60 ans de l'indépendance du Burkina FasoImage : picture-alliance/AA/O. de Maismont

En accédant à l'indépendance le 5 août 1960, les populations de la Haute-Volta, aujourd'hui le Burkina Faso, aspiraient avant tout à une forme de dignité humaine. 

"Dans les consciences, il nous manquait quelque chose pour être parfaitement homme, pour être parfaitement humain parce nous avions l'impression que nous étions une sous espèce d'homme", se souvient Hermann Yameogo, fils du premier président du Burkina Faso. "Donc quand il y a eu l'indépendance, c'était la joie débridée. Il y a eu des chansons, il y a eu des poèmes. Les gens couraient partout. Nous passions de maison en maison en indexant les maisons des colons, des maisons qu'on ne pouvait pas approcher, pour dire : 'c'est l'indépendance, nous sommes libres, nous sommes souverains'. C'était quelque chose d'exaltant."

Quatorze pays africains ont connu leur indépendance en 1960

Le départ des bases militaires françaises

Malheureusement, la désillusion sera inversement proportionnelle aux attentes et aux espoirs suscités. "Les premiers dirigeants n'ont pas su canaliser l'énergie des populations pour réaliser ces aspirations", explique Jean Marc Palm, professeur d'histoire. "Au bout d'un moment, les populations ont demandé quand est-ce que l'indépendance allait se terminer, parce que ce n'est pas ce qu'elles attendaient."

Le président Maurice Yameogo le savait bien; il a donc décidé d'entreprendre de grands chantiers, comme créer en 1962 La Volta Vision, la toute première télévision publique d'Afrique francophone. Il fera par ailleurs partie des premiers dirigeants à exiger le départ des bases militaires françaises. 

Maurice Yameogo (à gauche), en compagnie de Felix Houphouët Boigny, Hamani Diori et Hubert MagaImage : Getty Images/AFP

"Enfant je me rappelle qu'il nous racontait que pendant les négociations, Michel Debré qui était là disait : 'Mais Maurice, tu exagères. Felix Houphouët Boigny est d'accord, Hubert est d'accord, Hamani Diori est d'accord. Tout le monde est d'accord et c'est toi seul qui refuses la présence des bases militaires françaises'", se souvient Hermann Yameogo. "Et mon père répondait : 'Michel, c'est toi qui exagères. Je ne veux pas de base militaire française dans mon pays parce que je ne conçois pas l'indépendance avec la présence de bases militaires françaises.'"

Aujourd'hui, soixante ans après, l'armée française, à travers sa force Barkane, est de nouveau au Burkina Faso dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.