60 ans d'indépendance en Mauritanie
28 novembre 2020C'est dans une capitale qui n'a pas encore l'aspect d'une ville moderne qu'est proclamée l'indépendance de la Mauritanie le 28 novembre 1960. Nouakchott n'est alors qu'une ville en développement. "Chef-lieu", puis capitale depuis 1957, la cité se construit. Deux ans plus tôt, le pays était devenu une République autonome au sein de la Communauté française.
Le 28 novembre 1960, Moktar Ould Daddah proclame "l'indépendance totale" du pays sous les applaudissements. Fin de 58 ans d'occupation de la France. Depuis l'arrivée des premiers colons en 1902, le pays aura cumulé le statut de protectorat, de colonie, de territoire d'outre-mer de la République française, puis d'État membre de la Communauté française. En cette fin novembre 1960, Moktar Ould Daddah, ex-Premier ministre, devient chef d'État. Mais les problèmes ne sont pas terminés pour la Mauritanie, qui s'appuie alors sur une économie basée sur l'exploitation du fer et le secteur agro-pastoral.
Au plan diplomatique, le Maroc refuse de reconnaitre le pays. Les pressions sont telles que la Mauritanie ne pourra entrer à l'ONU qu'en 1961. La question de la souveraineté marocaine ne sera totalement réglée qu'en 1969, quand Rabat décidera enfin de renoncer à ses prétentions territoriales. Les deux pays deviendront alors alliés, faisant, par exemple, front commun contre le Front Polisario concernant le Sahara occidental.
Lire aussi → Il y a 50 ans, le front pro-Sahara contre le colonisateur espagnol
Moktar Ould Daddah restera président jusqu'en 1978. Ses années à la tête du pays nouvellement indépendant seront intenses. La Mauritanie est alors un territoire encore divisé entre tributs, populations Maures, Halpoulaars ou encore Wolofs. Les accords sur le système politique à mettre en place ou la langue officielle à adopter provoquent des débats intenses dans le pays. La sécheresse des années 1970 et la crise économique qui suivra n'aideront pas.
Moktar Ould Daddah renversé
En 1978, Moktar Ould Daddah est renversé par des militaires. Moustapha Ould Mohamed Saleck, à la tête du coup d'État, le remplace. Le début d'une série de renversements par des soldats, qui se termine en 1984, quand Maaouiya Ould Taya prend le pouvoir. La démocratisation s'accélère dans le pays, qui se développe et prend son indépendance sur la scène internationale. Mais les problèmes économiques demeurent. Les conflits ethniques ne cessent pas non plus.
Développement économique sur fond de coups d'États et des problèmes sociaux
Une nouvelle série de coups d'États touche le pays dans les années 2000. Jusqu'à ce qu'en 2005, le colonel Ely Ould Mohamed Vall renverse le président Maaouiya Ould Taya. L'objectif affiché est alors de ramener le pays sur le chemin de la démocratie. Deux ans plus tard, en 2007, un premier président est élu démocratiquement : Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Son mandat, une nouvelle fois perturbé par les militaires, sera court. À peine deux ans plus tard, en 2009, c'est Mohamed Ould Abdel Aziz qui est élu à la tête de l'État. Il sera réélu pour un second mandat en 2014.
Des années marquées par la rupture des relations avec Israël, les changements monétaires, un nouvel hymne et un renforcement de la sécurité dans le pays, avec notamment la réorganisation des forces armées. En 2014, le pays se porte mieux, mais les problèmes ethniques, sociaux ou de corruption marquent encore la Mauritanie lors du départ de Mohamed Ould Abdelaziz. Des défis à relever pour Mohamed Ould Cheikh el Ghazouani, ancien chef d'état-major et ministre de la défense, élu président de Mauritanie en 2019, lors de la première transition pacifique dans le pays.
Des hausses de salaires à venir
Ce vendredi 27 novembre 2020, à la veille des cérémonies des soixante ans de l'indépendance, Mohamed Ould Cheikh el Ghazouani a annoncé une hausse de 30% des salaires des personnels de la santé et de l'éducation. Le président a également annoncé des primes pour encourager les enseignants à travailler dans des zones reculées du pays. Les retraités devraient, eux, bénéficier de pensions doublées et désormais payées tous les mois, au lieu de tous les trois mois actuellement.
Ce samedi à Nouakchott, Mohamed Ould Cheikh el Ghazouani a présidé un défilé militaire en présence de milliers de personnes.