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93 ans après, des Arméniens vivent encore en Turquie

Audrey Parmentier24 avril 2008

A partir du 24 avril 1915 et pendant deux ans, l'Empire ottoman a massacré des centaines de milliers d'Arméniens. 93 ans après, une partie de la communauté arménienne a pourtant choisi de rester en Turquie.

Des survivants du génocide arménienImage : AP


Le lycée Esayan est une des 16 écoles arméniennes d'Istanbul, la seule ville turque qui compte encore de telles institutions. C'est là que vivent d'ailleurs la plupart des 80 000 Arméniens qui sont restés en Turquie. Ce phénomène continue de surprendre, comme l'explique le professeur de sport Armando Kozantino:

«Les gens qui viennent de l'extérieur ignorent souvent que nous pouvons vivre ici en tant qu'Arméniens. Nous avons des églises arméniennes, des écoles arméniennes, le droit d'avoir des institutions sociales arméniennes, nous avons aussi quelques autres droits et quelques libertés.»


Ces droits et ces libertés ont été déterminés en 1923 par le traité de Lausanne conclu entre les pays vainqueurs de la première guerre mondiale et la Turquie, mais qui ne sont pas forcément respectés dans la pratique. Ainsi, dans les écoles, les Arméniens n'ont pas le droit d'enseigner certaines matières et en général, de nombreux emplois sont réservés aux Turcs. Raffi Hermon, Arménien, est le vice-président de l'association turque des droits de l'homme:

«Ce dont les non musulmans en Turquie ont besoin au plus vite, c'est d'être reconnus en tant que citoyens égaux en droits. Tant que les citoyens non musulmans n'auront pas le droit de devenir gouverneur, préfet, diplomate, policier, soldat ou éboueur, ou encore fonctionnaire, professeur de turc, de géographie ou d'éducation civique, on continuera d'avoir un véritable problème ici.»

Manifestations turques contre le texte adopté par le Congrès américain en octobre 2007.Image : AP

L'autre question qui empoisonne les relations entre la Turquie et l'Arménie, c'est la reconnaissance des massacres commis par l'Empire ottoman de 1915 à 1917 comme génocide. Ces tueries systématiques ont coûté la vie aux deux tiers de la population arménienne. Jusqu'à présent, plus de 20 pays ont reconnu officiellement cette période comme le premier génocide de l'histoire contemporaine. L'année dernière, une commission du Congrès américain a adopté un texte qui allait dans ce sens. Peu après, la Turquie a rappelé son ambassadeur à Washington, et le vote définitif du texte a été reporté.