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A Goma, la peur du Mpox due au manque d'informations

14 août 2024

Des habitants de Goma, dans l'est de la RDC, s'inquiètent face à l'épidémie de Mpox. Ils se sentent peu informés sur cette infection très contagieuse.

Un patient diagnostiqué positif au Mpox mais en convalescence montre le revers de ses mains lors d'un contrôle effectué par le CDC (Archives)
Depuis janvier 2022, plus de 38.000 cas de Mpox, anciennement connue sous le nom de variole du singe, ont été recensés dans 16 pays du continentImage : AP/picture alliance

A Goma, la tension monte alors que les nouvelles sur l'épidémie de Mpoxse répandent. Cette ville de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), déjà fragilisée par les conflits armés, fait donc face à une nouvelle menace sanitaire.

Des cas de Mpox identifiés sont pris en charge dans des centres de santé de la place. Mais beaucoup se plaignent de ne pas être suffisamment informés sur la maladie.

"Déjà quand on a déclaré le Mpox une urgence de santé publique, je me suis posé des questions. Nous à Goma, comment allons-nous faire ? On ne sait pas comment faire, on ne sait pas quelles sont les mesures barrières, c'est devenu grave. Moi je suis déjà dans la panique, surtout avec les familles qui sont ici à Goma. La situation ici dans l'est est telle, qu'il y a beaucoup de déplacés qui ne savent pas comment accéder aux soins. On ne nous explique pas les mesures barrières et il n'y a pas d'alerte", confie un habitant de Goma à l'équipe de la DW.

"Urgence de santé publique, ça montre vraiment que la situation est grave. Comment les autorités comptent-elles s'y prendre ? D'ailleurs dans la ville de Goma il y a une surpopulation, et aussi nous sommes dans une zone frontalière. En tout cas, je demanderais aux autorités de se lever, de s'exprimer, et de nous dire comment faire parce que là c'est grave", s'alarme une autre personne rencontrée à Goma.

L'OMS en alerte

L'Organisation mondiale de la santé réunit ce mercredi (14.8.2024) son comité d'urgence. Il est question d'évaluer s'il faut décréter le plus haut degré d'alerte sanitaire au niveau international face au virus de la variole du singe qui a traversé des frontières.

En juillet 2022, l'OMS avait déjà décrété une alerte maximale qui avait été levée moins d'un an après, en mai 2023. Mais cette mesure n'a pas produit les résultats attendus, à savoir une amélioration significative de l'accès aux diagnostics, aux traitements ou aux vaccins pour les pays africains.

En juillet 2022, l'OMS avait déjà décrété une alerte maximale qui avait été levée moins d'un an après, en mai 2023Image : Sven Hoppe/dpa/picture alliance

Ce mardi, lors d'une conférence de presse, le centre africain de contrôle et de prévention des maladies a déclaré une urgence de santé publique en Afrique. "Le mpox a désormais traversé les frontières, touchant des milliers de personnes à travers notre continent. Des familles ont été déchirées et la douleur touche chaque coin de notre continent. Le coeur lourd mais avec un engagement indéfectible envers notre peuple, envers nos citoyens africains, nous déclarons le mpox comme une urgence de santé publique de portée continentale en Afrique", a affirmé ce mardi Jean Kaseya, chef du centre africain de contrôle et de prévention des maladies Africa CDC. 

"Cette déclaration n'est pas une simple formalité, c'est un appel clair à l'action. C'est une reconnaissance du fait que nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre que cela se passe et de réagir ensuite. Nous devons être proactifs et à l’offensive dans nos efforts pour contenir et éliminer ce fléau", a-t-il encore martelé.

 

Cliquez sur l'image pour écouter les explications du Dr Serge Michel KODOM, Président de AIMES-AFRIQUE, une organisation internationale pour la promotion de l'éducation et la santé en Afrique. 
Le Dr  KODOM est aussi Membre du Conseil d'Administration de Africa CDC. Il nous explique d'abord qu'il s'agit désormais de renforcer notamment la surveillance épidémiologique sur le continent.

"Il y a deux vaccins homologués" Dr Serge Michel Kodom

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"Urgence de santé publique"

Selon Trésor Hamiri Hemedi, médecin et expert en santé publique en RDC, l'urgence de santé publique "signifie que c'est un problème majeur de santé qui affecte la population, la communauté, non seulement d'un pays, mais un problème répandu à partir de nos frontières dans d'autres pays voisins".

Goma, située à la frontière avec le Rwanda, est particulièrement vulnérable. La ville est en outre confrontée à une surpopulation due à l'afflux de déplacés fuyant les combats dans les territoires de Rutshuru et Masisi, où sévit la rébellion du M23.

"On ne sait pas comment faire ni quelles sont les mesures barrières" (Habitant de Goma)

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La métropole de la province du Nord-Kivu se trouve maintenant à la croisée des chemins d'une crise sanitaire qui pourrait rapidement dégénérer. Mais pour le Dr Hamiri, la clé réside dans la sensibilisation.

"Face à des telles urgences, ce qu'on peut demander c'est de rester calme et de garder son sang-froid tout en sachant que le gouvernement est là pour chercher des mesures de prévention. Il faudrait une bonne sensibilisation, une bonne communication dans la communauté pour que les mesures de prévention soient de rigueur au sein de la population pour éviter toute propagation", recommande le spécialiste.

Anciennement connu sous le nom de variole du singe, le mpox est une maladie virale qui se propage de l'animal à l'homme mais qui se transmet aussi par contact physique étroit avec une personne infectée par le virus découvert pour la première fois chez des humains en 1970 dans l'ex-Zaïre.

Outre la RDC, le Rwanda est aussi parmi les pays les plus touchés. Les Etats-Unis ont indiqué être "en étroite coordination" avec la RDC et d'autres pays affectés. Le Mpox a aussi été détecté en Côte d'Ivoire, au Liberia, au Nigeria, au Kenya et dans plusieurs pays d'Afrique du nord.