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A Ménaka, l'accueil des déplacés fuyant l'insécurité

Paul Lorgerie
3 mars 2020

Fuyant les attaques djihadistes, près de 2.000 personnes déplacées sont arrivées à Ménaka depuis le début de l'année. Une situation préoccupante selon le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).

Des soldats maliens et français effectuent une patrouille à pieds à Ménaka
Des soldats maliens et français effectuent une patrouille à pieds à MénakaImage : Getty Images/AFP/D. Benoit

"Près d’une centaine d’ONG opèrent à Ménaka" (Daouda Maïga)

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Des dizaines d’enfants chantent devant le site hydraulique de Ménaka (nord du Mali). Une ambiance conviviale qui diffère pourtant avec ce qui se trouve de l’autre côté de ces murs.

Une fois la porte du site poussée, l’on découvre des maisons faites de pailles, habitées exclusivement par des Nigériens.

Nous sommes à Ménaka, à 90 kilomètres de la frontière et dans l’une de ces habitations, nous retrouvons Awa, 18 ans, qui a fui au lendemain de l’attaque de Chinégodar, qui a fait 89 morts dans les rangs de l’armée nigérienne le 9 janvier.

Des milliers de personnes fuient l’insécurité dans le nord du MaliImage : Getty Images/AFP/S. Rieussec

"C’était un jeudi. Nous étions parties puiser de l’eau. Lorsqu’on a entendu des coups de feu on s’est caché mais une fois que les armes se sont tues, nous avons vu les corps des soldats. Puis nos parents nous ont chassées pour que l’on ne voie pas la scène", témoigne Awa.

Peur de l’insécurité

Awa quittera son village cinq jours plus tard, avec 2.000 autres de ses compatriotes, par peur de l’insécurité. Ceux-ci sont venus s’ajouter aux 240 ménages déjà présents à Ménaka, selon le département du développement social.

Si Awa est venue rejoindre sa famille en ville, d’autres Nigériens se sont arrêtés à la frontière. Selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), ils seraient près de 4.000 déplacés à s’être arrêtés dans la localité d’Anderamboukane, à la frontière.

De nombreuses familles ont pu être prises en charge à Ménaka par les autorités avec l'aide des humanitairesImage : picture alliance/dpa/epa/H. Fohringer

"La grande partie de cette population a tenté de se construire des tentes. D’autres, qui n’ont rien, vivent sous les arbres et d’autres encore occupent des maisons de familles abandonnées il y a longtemps", raconte Mohamed Al Hassane, président de la jeunesse d’Andéramboukane.

Situation délicate

Ces arrivées viennent compliquer une situation déjà délicate. En raison de l’insécurité qui règne dans la ville de Ménaka, six ONG internationales avaient suspendu leurs activités entre le 26 décembre 2019 et le 27 février 2020.

Si elles ont affirmé reprendre graduellement leur travail, la région reste en proie à une certaine insécurité, notamment avec la présence de l’Etat islamique au Grand Sahara.

Plusieurs ONG viennent en aide aux populations du nord du MaliImage : @live.fr

Selon Daouda Maïga, gouverneur de la région, "près d’une centaine d’ONG opèrent à Ménaka. Tous les acteurs ont été mis à profit pour les rassurer et améliorer leurs conditions de travail, notamment dans la ville de Ménaka. Celles-ci ont été soumises à un stress lié à des attaques, à des sauts de murs, à des vols de téléphone. Mais elles ont tiré la sonnette d’alarme assez tôt."

Si la sécurisation de la ville est principalement assurée par les groupes armés signataires de l’accord de paix, un bataillon de l’armée reconstituée ne devrait pas tarder à arriver après un premier déploiement à Kidal ou Tombouctou, afin que la zone puisse à nouveau être stabilisée.