Le travail forcé des enfants dans les mines en Centrafrique
21 mai 2024Nous sommes à l’école de Sosso Nakombo, dans la commune rurale de Basse-Kadéï. Dominique Ganama est l’unique enseignant qualifié pour les 18 écoles que compte la région.
Outre le fait qu’il est débordé par l’ampleur de sa tâche, il doit aussi affronter les familles qui retirent les enfants de l’école. Les garçons pour travailler dans les mines et les filles parce qu’elles sont enceintes.
"Dans ma salle, en classe de CM2, il y a 63 élèves qui ont payé leur droit de concours d’entrée en 6e. Mais aujourd’hui, j’ai seulement 26 élèves présents en classe. La majorité des élèves s’intéressent à la mine, ils ne viennent plus à l’école", dit Dominique Ganama.
Pour remédier au problème, notamment celui desenfants qui travaillent dans les mines, Dominique Ganama n’écarte pas le recours à la force.
"Je vais gérer ça avec les autorités de la ville. Comme ça, ils vont envoyer des forces de sécurité sur le chantier. S’ils trouvent un enfant à l’âge scolaire, on va le prendre et le maintenir à la gendarmerie, comme ça ses parents vont venir payer l’amende avant de le relâcher."
Mais son initiative n’a pas de base légale. Nous avons rencontré le maire de la ville, Albert Eustache Nakombo, qui reconnaît que le phénomène de décrochage scolaire est un fléau, sans qu’il puisse avancer une ébauche de solution au problème.
En revanche, sur le site minier de Kpolikpo, Aristhophène Gandjio Zaoro, le chef de camp, affirme interdire l’accès du site aux enfants.
"Au début du chantier, nous avons enregistré une forte présence des enfants. Mais nous ne voulons plus voir les enfants ici. Mais il y a des parents qui insistent pour amener leurs enfants avec eux. Alors, nous essayons de les convaincre progressivement. Car notre image a été souillée, on nous dit que nous ne sommes pas instruits à cause de l’exploitation d’or. Mais cette fois-ci, nous prenons nos précautions pour que les mineurs aillent à l’école. Dans tous les cas, c’est une activité éphémère qui n’a pas de retraite dorée, c’est plutôt l’école qui offre une garantie. A la fin, c'est la maladie et des soucis. Donc nous ne le voulons plus. Nos enfants doivent étudier", explique Aristhophène Gandjio Zaoro
La société civile locale impute en grande partie la responsabilité de cette situation aux parents et espère que les mentalités vont évoluer.
Le gouvernement dit être préoccupé par ce phénomène. Mais pour l’instant, la seule initiative, en matière éducative, concerne l’intégration des enseignants non qualifiés par l’Etat.