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Al-Sissi, entre bienfaiteur et despote en Egypte

Hugo Flotat-Talon | La rédaction francophone
28 mars 2018

Le président, candidat à sa réélection, et certain d'être réélu, donne une image de stabilité à l'Egypte. Mais l'ancien militaire dirige le pays d'une main de fer.

Ägypten Präsident Abdel Fattah Al-Sisi
Image : picture-alliance/dpa/K. Elfiqi

Troisième et dernier jour de vote pour la présidentielle en Égypte ce mercredi. Près de 60 des 100 millions d'habitants du pays le plus peuplé du monde arabe sont appelés aux urnes depuis lundi. Élection pour laquelle le résultat ne fait aucun doute. L'unique adversaire au maréchal al-Sissi, Moussa Mostafa Moussa, est l'un de ses soutiens. Seule la participation est inconnue, mais dans les tous les cas, Abdel Fattah al-Sissi devrait donc être proclamé président pour quatre ans de plus, lundi deux avril prochain.

Culte de la personnalité

Sur place, l'image du maréchal de 63 ans oscille entre celle du bienfaiteur de la nation et du despote. Partout, on le voit ces jours-ci à la Une des journaux, mais aussi en photo à chaque coin de rue, notamment dans les grandes villes. Le président égyptien, candidat à sa propre succession, cultive un vrai culte de la personnalité.

Régulièrement et comme en 2014, l'ancien militaire, né au Caire et chef des renseignements militaires sous Moubarak, se présente comme le protecteur de la nation. "En notre présence, personne ne viendra terroriser les Egyptiens ! Nous préfèrerions mourir plutôt que de laisser faire ça. La galanterie et la masculinité doivent nous aider à ce que personne n'ait peur, surtout pas les femmes", disait-il déjà en 2014. 

Un président garant de l'unité nationale

Image : Reuters/The Egyptian Presidency

Les femmes, les minorités religieuses, le maréchal Abdel Fattah al-Sisi est ainsi vu comme le garant de l'unité nationale. Celui qui a joué un rôle-clé dans la chute du président Morsi en 2013 a su évoluer, s'ouvrir, et se donner une nouvelle image. En appelant à la modernisation de l'islam ou en participant - une première pour un président - à une messe copte.

Une image bien vue et rassurante aussi en Allemagne et, plus généralement, en Occident. D'autant, que le maréchal al-Sissi ne cesse de répéter qu'il est "un faiseur" et non "un politique qui ne fait que parler". "Cela je ne l'ai jamais fait. Nous construisons le pays, sans discours", assure-t-il. 

Violations des droits de l'homme

La participation au scrutin égyptien est la vraie inconnue, plus que le résultat.Image : Getty Images/AFP/K. Desouki

Mais au-delà ces déclarations, l'Egypte est frappée par la crise. 40% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté malgré une croissance économique attendue de 5% cette année. Et al-Sissi le maréchal illustre à quel point l'armée est puissante et autoritaire dans le pays.

Des opposants et des journalistes ont été emprisonnés avant la présidentielle, les ONG dénoncent de régulières violations des droits de l'homme.

L'activiste Shady El Ghazaly Harb décrit une situation des droits de l'homme catastrophique. "Le droit de manifester pacifiquement, la liberté de penser, tous ces droits que nous avons acquis avec le soulèvement populaire de 2011, ont été perdus à nouveau. Les conditions sont maintenant pires que sous Moubarak."

C'est à ces seules conditions que al-Sissi pourra redresser le pays, disent ses partisans. L'Egypte doit faire face à plusieurs défis à la fois, notamment celui de la sécurité. Le pays est frappé par le terrorisme depuis 2013.

Au plan économique, plusieurs réformes ont été adoptées en 2016 et al-Sissi multiplie les grands projets, comme la construction d'une nouvelle capitale ou l'élargissement du canal de Suez. 

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_
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