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Abdelmajid Tebboune de retour sur le devant de la scène

19 février 2021

Après quasiment trois mois de convalescence en Allemagne, le président algérien a annoncé la dissolution du Parlement et la libération de militants du Hirak.

Le président algérien a fait ses annonces lors d'un discours à la nation
Image : Fateh Guidoum/AP Photo/picture alliance

Le soulèvement populaire du Hirak, qui exige une refonte du système fête son deuxième anniversaire. Déclenché le 16 février 2019 à Kherrata, dans l'est de l'Algérie, avant de gagner la capitale Alger une semaine plus tard, les manifestations hebdomadaires avaient poussé l'ancien président Abdelaziz Bouteflika vers la sortie.

Lecoronavirus et les interdictions de rassemblements sont depuis passés par là mais la rue pourrait bientôt à nouveau gronder.

Dans ce contexte, Abdelmajid Tebboune veut reprendre la main, après trois mois d'absence pour maladie qui ont semé le doute sur ses capacités à diriger le pays. Il a annoncé jeudi (18.02) la dissolution du Parlement et un remaniement ministériel.

A 75 ans, le président doit tenter de contenir l'effet boule de neige entre le possible retour en force du Hirak, qui pourrait réinvestir les rues une fois les restrictions liées au coronavirus levées, mais aussi un contexte économique et social tendu.

Crise économique

L'économie algérienne est exsangue. La rente pétrolière a fondu l'an dernier. Après une stagnation de la croissance, celle-ci a plongé de plus de 6% en 2020 sous l'effet conjugué de la pandémie. Le chômage des jeunes avoisine les 30%, la corruption et la bureaucratie font toujours partie du quotidien algérien.

Dans le sud du pays, plusieurs manifestations se sont déroulées en janvier pour dénoncer les conditions de vie.

Face à cette colère, l'annonce de nouvelles élections législatives sonne comme une tentative pour Abdelmajid Tebboune de s'offrir une légitimité face à ces défis. La présidentiellequi l'a portée au pouvoir en 2019 avait plafonné à 40% de participation.

Image : picture-alliance/Abaca/L. Ammi

Le référendumde révision de la Constitution il y a quelques mois, censé proposer une sortie de crise politique et répondre aux aspirations du Hirak, avait aussi mobilisé moins d'un électeur algérien sur deux, du jamais vu depuis l'indépendance du pays.

Il faut dire que cette réforme, approuvée, n'a rien changé au régime en place et aux pouvoirs étendus de l'armée, dénoncées par le Hirak.

Manœuvre politique

Ce référendum, le président l'avait d'ailleurs suivi de loin, puisqu'il était alors hospitalisé en Allemagne.

De retour au pays il y a une semaine, Amdelmajid Tebboune a mené des consultations avec une série de partis politiques, dont un de l'opposition. Mais un parti proche du Hirak a refusé les invitations du président, estimant qu'il s'agit d'une manœuvre pour rallier des contestataires et neutraliser la dynamique du mouvement populaire.

Quant aux libérations et la grâce présidentielle accordée à une soixantaine de détenus du Hirak, le scepticisme demeure. Car les libérations d'aujourd'hui n'éviteront pas forcément les arrestations arbitraires de demain.

Le 22 février, jour anniversaire du mouvement à Alger, et pour lequel des appels à manifester ont été lancés, sera ainsi un test pour le Hirak et pour le pouvoir.

Image : Fateh Guidoum/AP Photo/picture alliance