1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Abdullah Gül élu président de la Turquie

Louise Sarant28 août 2007

C’est désormais officiel, Abdullah Gül est le nouvel homme fort de la Turquie. Elu à une large majorité de 339 sur 550 voix au Parlement, il devient le premier président issu de la mouvance islamiste dans ce pays laïc. Portrait d’un homme politique qui fait frémir les aficionados de la laïcité.

Abdullah Gül
Abdullah GülImage : AP

Abdullah Gül, qui est issu de la mouvance islamiste, est loin de mettre tout le monde d’accord en Turquie, pays très fortement attaché à la laïcité. En avril dernier, l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle avait déclenché une vague de manifestations dans toutes les grandes villes du pays, les manifestants voulant défendre le sécularisation à tout prix. Depuis lors, Abdullah Gül n’a cessé de réaffirmer son attachement profond à la Constitution turque:

"La constitution sera mon guide. La République de Turquie est démocratique, séculaire et sociale, selon la loi en vigueur. Mon objectif premier sera de protéger et de renforcer encore ces principes fondamentaux. "

Les libéraux ne partagent pas les craintes des laïcs purs et durs, car selon eux il s’agit davantage d’une propagande politicienne que de craintes fondées. Saban Disli est membre du conseil d’administration de l’AKP, le Parti de la Justice et du Développement, au pouvoir, il est convaincu qu’Abdullah Gül sera un chef d'Etat impartial:

"Tout d’abord M.Gül sera un président indépendant, se positionnant de la même façon avec tous les partis politiques, et avec tous les Turcs. Sa seule ligne de conduite sera le respect de la Constitution. Il affirme qu’il suivra de très près ses principes, et qu’il la protégera. Rien d’autre. Donc selon moi, M. Gül fera un excellent président de la Turquie."

Connu pour sa participation active aux mouvements politiques islamistes dans sa jeunesse, puis économiste au sein de la Banque de développement islamique en Arabie Saoudite, Abdullah Gül s’est malgré tout forgé une réputation honorable de modéré et de pro européen. Mais les laïcs convaincus y voient un double langage, comme l’explique Onur Oymen, un opposant du Parti Républicain:

"Il est de notoriété publique que M. Gül est contre les principes fondamentaux de notre république, à commencer par la sécularisation et la séparation de la religion et de l’état. Nous sommes convaincus qu’une telle personne ne devrait pas être à la tête de l’état."

L’élection étant désormais consommée, le nouveau président va devoir marcher sur des œufs, car rien ne lui sera épargné sur le thème de la laïcité, ciment de l’identité turque.

------

Les deux premiers tours de l’élection n’avaient pas suffi à faire d’Abdullah Gül le nouveau président, dans la mesure où il devait recevoir le soutien des deux tiers du Parlement. C'est donc au troisième tour, à la majorité simple, que l'ancien ministre des Affaires étrangères a pu accéder aux fonctions suprêmes.