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Abiy Ahmed tente de rassurer sur le conflit en Ethiopie

9 novembre 2020

Le premier ministre éthiopien assure que son pays ne sombrera pas dans la guerre civile, même si les combats continuent.

Une milice amhara. L'Agence France presse, se basant sur des sources médicales et de travailleurs humanitaires, avait recensé plus de 200 soldats blessés et huit tués lundi 9 novembre
Une milice amhara. L'Agence France presse, se basant sur des sources médicales et de travailleurs humanitaires, avait recensé plus de 200 soldats blessés et huit tués lundi 9 novembreImage : Eduardo Soteras/AFP/Getty Images

L’Ethiopie ne sombrera pas dans la guerre civile. C’est en substance les mots d’Abiy Ahmed sur Twitter ce lundi. Le premier ministre tente de rassurer dans son pays et à l’international alors que la situation dans le nord du pays semble s’envenimer de jour en jour. Des opérations militaires seraient toujours en cours ce lundi et, le week-end dernier, le chef de l’armée a été limogé.

Un conflit ancien

Au centre des problèmes actuels : la région du Tigré. Une zone où vit la minorité tigréenne, ethnie minoritaire dans le pays mais qui était au pouvoir jusqu’à l’arrivée d’Abiy Ahmed au poste de Premier ministre au printemps 2018. Une région en conflit avec le pouvoir centrale depuis des mois. Chaque camp accuse l’autre de tous les maux de l’Ethiopie.

Les tensions se sont accrues depuis l'organisation d'élections régionales en septembre, dans la région du Tigré, par les autorités locales. Des élections reportées au niveau national, pour cause officiellement de pandémie de coronavirus, et qualifiées "d'illégitimes" par Addis Abeba.

Combats depuis plusieurs jours

Ce sont finalement des attaques contre des bases de l’armée fédérale éthiopienne par les forces tigréennes qui auraient décidé le pouvoir central d’Addis Abeba de lancer les offensives la semaine dernière. Des attaques démenties par les responsables présumés. Quoi qu’il soit, sur le terrain, les combats font rage, même s’il est difficile d’avoir des informations précises, certaines communications étant coupées.

Mais "cette opération militaire en cours dans la région dissidente du Tigré sera terminée sous peu", a assuré Abiy Ahmed aujourd’hui, balayant, "les inquiétudes sur le fait que l'Ethiopie pourrait sombrer dans le chaos" et les conflits ethniques.

Changement à la tête de l’armée

Reste la question du limogeage du chef des armées dimanche. Le général Adem Mohammed a été remplacé par son chef adjoint, le général Berhanu Jula. Pourquoi et dans quel but ? "Cela traduit peut-être le fait que l’option militaire n’était pas programmée dans les cartons de longue date, dit Éloi Ficquet, maître de conférences en anthropologie à École des hautes études en sciences sociales à Paris, qui travaille notamment sur Ethiopie depuis plusieurs années.

Abiy Ahmed, Premier ministre d'EthiopieImage : AP Photo/picture alliance

"Même si on voyait les tensions qui s’exacerbaient, il y a peut-être eu précipitation dans le lancement de la guerre, et peut-être, si toute la stratégie n’était pas prête à l’avance, des désaccords se sont exprimés quant à la stratégie à suivre, quant au tempo à donner ou à la place à donner à des solutions non militaires", poursuit le chercheur. Ces solutions pacifiques ne sont visiblement, pour le moment, pas sur la table, en tous cas pas officiellement. "Des étapes importantes qui auraient permis de calmer le jeu –même sans le faire officiellement, avec des actions en coulisses-, d’établir une négociation ont été manquées", note Éloi Ficquet.

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lui proposé ses services pour une médiation, dès samedi dernier. Un appel à la désescalade parmi d’autres visiblement restés sans réponse pour l’heure. Des bombardements dans la région du Tigré ont encore eu lieu ce lundi selon les autorités. Les combattants du Tigré disent eux avoir abattu un avion de l’armée régulière, ce que celle-ci réfute. Une situation aux antipodes d’il y a un an quand Abiy Ahmed recevait le prix Nobel de la paix pour l'ouverture de pourparlers de paix avec l’Erythrée voisine.