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Abolition de la peine de mort, où en est l'Afrique ?

Sandrine Blanchard | Martina Schwikowski | Hans Brandt
18 novembre 2022

Les tendances en Afrique sont plutôt positives en termes d'abolition ou, au moins, de moratoire sur la peine capitale. Etat des lieux sur le continent...

Un homme a la tête passée dans un noeud coulant, comme un pendu, devant la Porte de Brandebourg, à Berlin (archive de 2013)
Lors d'une manifestation à Berlin contre la peine de mort appliquée en Iran (archive)Image : Bernd von Jutrczenka/picture alliance/dpa

Berlin vient d'accueillir la huitième édition du Congrès international pour l'abolition de la peine de mort, une rencontre organisée par l'organisation française "Ensemble contre la peine de mort", ou ECPM.

L'objectif de ce congrès, qui rassemble d'anciens condamnés à mort, des responsables politiques, des militants des droits humains ou encore des proches de personnes exécutées ou en attente de leur exécution, est d'amener les gouvernements à prendre davantage d'engagements concrets en vue d'une abolition totale des exécutions commandées par les Etats. Et déjà, la tendance en la matière est plutôt positive en Afrique.

En Afrique du Sud, des proches de membrs du Pan Africanist Congress sont derrière une barrière. De l'autre côte pendent des cordes qui rappellent l'exécution de leurs proches en 1964Image : Phill Magakoe/AFP

Vers l'abolition de la peine capitale

A la fin de cette année, la Guinée-équatoriale va définitivement supprimer la peine de mort de son arsenal juridique. Le pays deviendra ainsi le 24e du continent africain à avoir opté pour une abolition complète. 

Le Burkina Faso, lui, a choisi de renoncer à la peine capitale pour les crimes de droit commun. Quant à la République centrafricaine, elle a abandonné la peine de mort en juin dernier. La Sierra Leone avait fait le même choix en 2021. Et le Tchaden 2020.

Plus au sud, le Parlement de la Zambie est en train d'examiner un projet de loi qui prévoit aussi de ne plus autoriser les juges à condamner les prévenus à mort – quelle que soit la gravité de leur crime.

Entrer dans la modernité

Cette avancée en Zambie est essentielle, du point de vue du ministre de la Justice, Mulambo Hamba, qui explique que son gouvernement veut s'"assurer que la loi interdise à tous les prochains gouvernements de condamner quiconque à mort".

Le ministre rappelle que la Zambie n'a plus procédé à des exécutions depuis 25 ans : "D'un point de vue moral, nous pensons que la peine de mort n'est pas une peine adaptée. Elle fait souffrir. Elle va à l'encontre des conventions internationales que notre pays a ratifiées. (…) Le monde a évolué et nous voulons en faire partie. Nous voulons être un phare pour le continent africain et montrer que nous prenons les dispositions légales nécessaires. Pour donner de l'espoir aux prochaines générations."

Les mauvais et les bons élèves

En Afrique, c'est l'Egypte qui est le pays ayant le plus recours à la peine de mort.

L'année dernière, les exécutions ont toutefois particulièrement augmenté en Afrique de l'Est et australe, selon la chercheuse Muleya Mwananyanda, de Human Rights Watch, qui cite particulièrement la Somalie, le Botswana et le Soudan du Sud. Mais elle note également un mieux ailleurs : "Dans plusieurs pays, comme la Sierra Leone, le Ghana ou la République centrafricaine, il y a des progrès concernant l'abolition de la peine de mort. La tendance va vers une augmentation des pays qui l'interdisent dans le monde – au moins dans la pratique, même quand elle existe toujours en théorie, dans les textes législatifs (…)"

L'ONG Amnesty International a recensé 112 Etats dans le monde qui ont totalement abandonné la peine de mort et 144 en tout qui ne l'appliquent plus comme le Kenya, le Malawi, l'Ouganda ou encore le Zimbabwe par exemple.

Amnesty International accuse les autorités iraniennes d'avoir exécuté plusieurs manifestants sans leur garantir de procès équitable, pour l'"exemple"Image : Christoph Hardt/Geisler-Fotopress/picture alliance

Hors de l'Afrique

Par ailleurs, Amnesty International dénonce la condamnation à mort d'au moins 21 personnes au terme de procès fantoches. Il s'agit, selon l'ONG de défense des droits humains, de manifestants dont les condamnations sont censées statuer un exemple afin de dissuader leurs concitoyens et concitoyennes de poursuivre le mouvement de contestation. C’est le cas par exemple en Iran où trois personnes ont été condamnées à mort depuis le début des manifestations contre le pouvoir. 

L'un des mauvais élèves dans le monde se trouve être les Etats-Unis. Cette semaine, deux hommes condamnés à mort pour meurtre ont été exécutés : l'un en Arizona et l'autre au Texas. Ces deux exécutions portent à 15 le nombre de personnes pour qui la peine capitale a été appliquée cette année dans le pays. 

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