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L'AFC/M23 tente de consolider son autorité via la justice

16 septembre 2025

Plus de 500 juristes ont participé à un concours pour intégrer la magistrature à Goma, dans la province du Nord-Kivu.

Corneille Nangaa lors d'un rassemblement des rebelles du M23 à Bukavu
La rébellion de l'AFC-M23 souhaite réactiver la justice dans les zones sous son contrôle.  Une initiative contestée par Kinshasa.Image : Ernest Muhero/DW

Le test d'évaluation a été organisé à l'Université de Goma, où un total de 540 candidats magistrats ont participé. Les candidats sont issus d'un processus de sélection mis en place par la Commission de recouvrement de la justice, créée par les rebelles de l'AFC-M23, qui a reçu un millier de candidatures. 

Reprendre le contrôle

Delion Kimbulungu Mutangala, président de la Commission de recouvrement de la justice, explique que cette initiative vise à rassurer sur la neutralité du secteur judiciaire dans les zones contrôlées par la rébellion : 

'Qui va rendre cette justice ? Ce n'est pas celui qui a tué !' (Kambale Nguka)

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"La reprise des activités judiciaires dans les territoires libérés ne devrait donc surprendre personne. Cela est dû à la nature même de la personnalité juridique internationale dont jouit aujourd'hui l'Alliance du fleuve Congo (AFC-M23). Cela garantit également que la neutralité du secteur judiciaire existe dans les zones libérées." 

Maître Jeanson Kalegamire Abanabo, avocat au barreau de Goma, est l'un des candidats qui ont participé à ce concours de la magistrature. Il souhaite mettre fin à la politisation de la justice : 

"Ma contribution", explique-t-il, "c'est pratiquement la contribution d'un avocat compétent, parce que je crois que je suis compétent. La contribution d'un avocat consciencieux, la contribution d'un avocat engagé pour les valeurs révolutionnaires, notamment. Ce pays a aussi souffert de la politisation de la justice. Vous savez, la justice doit être indépendante, parce qu'on a toujours dit que la justice élève toujours une nation."

Doutes multiples

Ce concours suscite néanmoins des doutes au sein de la population de la ville de Goma, notamment en ce qui concerne le fonctionnement du système judiciaire dans les zones occupées par la rébellion.

La justice en Afrique : corrompue, inféodée, inaccessible ?

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Ismaël Mugisho par exemple, un habitant de Goma, s'interroge sur le salaire de ces magistrats : "Eux, quel genre de changement vont-ils apporter ? C'est une des questions. C'est vrai, ils veulent recruter de nouveaux magistrats, mais qui va les payer ?"

Kambale Nguka est un défenseur des droits de l'homme et il rappelle que l'AFC-M23 a commis de nombreux crimes au cours de son offensive militaire et que cette rébellion ne peut en aucun cas rendre une véritable justice : 

"Pas un jour ne passe sans que la population ne soit massacrée, sans que des femmes ne soient violées. La population a besoin d'une vraie justice qui soit impartiale, qui donne la parole à tous, qui remplisse toutes les conditions d'une bonne justice. Qui va rendre cette justice ? Ce n'est pas celui qui a tué, ou celui qui a déjà massacré."

Les autorités congolaises ont déjà déclaré qu'elles annuleront tous les actes judiciaires pris par la rébellion de l'AFC-M23.