Affaire du Cap Anamur: la justice italienne rend son verdict
7 octobre 2009Les applaudissements ont fusé à l'annonce du verdict. Et pour cause: le procureur avait requis 4 ans de prison et 400.000 euros d'amende à l'encontre d'Elias Bierdel, ancien chef de l'ONG, Stefan Schmidt, capitaine du bateau et Vladimir Daschkewitsch, premier officier.
Il y a 5 ans, ils avaient sauvé 37 Africains qui tentaient de rejoindre les côtes italiennes à bord d'une embarcation de fortune et qu'ils avaient croisés sur leur route par hasard. La majorité des migrants rescapés seront arrêtés et renvoyés dans leur pays par les autorités italiennes tandis que les membres de l'équipage sont emprisonnés quelques jours. Stefan Schmidt, avait les larmes aux yeux à l'annonce du verdict:
"Je suis vraiment soulagé. Nous continuions à penser qu'on nous jouait un mauvais tour. Mais en réalité nous devions nous attendre à cet acquittement. Et c'est un gros soulagement que cela se soit déroulé ainsi"
Elias Bierdel craignait lui aussi le jugement mais estime que le verdict n'est pas une surprise.
"Les gens sautent de joie ici et je peux le comprendre mais moi je ne peux pas me réjouir. Lorsque, pendant cinq ans, on est rongé par un tel procès et que finalement les charges sont abandonnées, il n'y a pas de raison de se réjouir. Peut-être que si on en venait enfin à débattre de tous ces gens qui périssent là dehors, je me dirais que tout cela valait le coup"
Pour Elias Bierdel, la justice italienne a surtout voulu, par ce procès, dissuader les équipages de prendre ce genre d'initiatives. Axel Nagler, avocat de l'ancien directeur de Cap Anamur:
"Bien sûr nous éprouvons une grande joie mais aussi de la satisfaction. Cette affaire a démontré que l'on a le droit de sauver des naufragés en Méditerranée sans courir le risque d'être puni. Ils ont été complètement acquittés tout simplement parce que ce qu'ils ont fait n'est pas répréhensible".
Heidemarie Wieczorek Zeul, la ministre allemande de la coopération, a salué la décision du tribunal italien. Elle a parlé d'une "bonne journée pour tous ceux qui sont engagés dans les questions humanitaires". Plusieurs autres personnalités politiques allemandes ont qualifié l'ensemble du procès de farce.