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Affaire Edathy : beaucoup d'interrogations

Anne Le Touzé14 février 2014

Des responsables politiques ont-ils voulu entraver une enquête pénale ? Ce qu'on appelle désormais "l'affaire Edathy" fait la Une de tous les journaux, qui expriment leur malaise et se posent de nombreuses questions.

Sebastian Edathy, condamné avant même l'enquête ?
Sebastian Edathy, condamné avant même l'enquête ?Image : picture-alliance/dpa

La question centrale que se pose la Frankfurter Allgemeine Zeitung, c'est ce qui a bien pu passer par la tête de Hans-Peter Friedrich, lorsqu'il a informé en octobre 2013 le patron du SPD, Sigmar Gabriel, de "possibles poursuites pénales" contre Sebastian Edathy. La "dimension politique" de l'affaire, que l'ancien ministre de l'Intérieur met en avant pour sa défense, aurait dû le conduire en premier lieu au président du Bundestag, et encore, seulement s'il avait été question de l'immunité parlementaire d'Edathy. De fil en aiguille, beaucoup de gens ont été mis au courant. Ce qui appelle d'autres questions : Sebastian Edathy aurait-il eu vent de l'affaire dès l'automne et aurait-il pu détruire d'éventuelles photos ? Quel genre de photos ? Des photos d'enfants ou de pédopornographie ?

L'ex-ministre de l'Intérieur a-t-il commis une faute ?Image : picture-alliance/dpa

La Süddeutsche Zeitung se demande si l'on peut soupçonner quelqu'un non pas sur une base pénale, mais simplement morale. Autrement dit, si les enquêteurs savaient que les films en possession d'Edathy étaient légaux, avaient-ils le droit de mener une perquisition? Ou est-ce que la simple présomption qu'une personne qui visionne des films à la morale douteuse - mais légaux - possède probablement aussi des films illégaux représente une raison suffisante ?

On ne sait pas encore si Sebastian Edathy a commis un acte répréhensible, rappelle die tageszeitung. Mais quand bien même il n'aurait acheté que des photos légales, il est déjà trop tard. Être associé à la pornographie infantile est déjà une condamnation, sans procès ni tribunal. Sebastian Edathy est promis à une mort sociale, à la fin de sa carrière publique sans aucun sursis. La taz exprime son malaise dans cette affaire, où la présomption d'innocence est bafouée de facto. Et se demande si le droit d'information du public compense toujours ce genre de dommages collatéraux.

La police a mené une razzia au bureau du député en Basse-SaxeImage : picture-alliance/dpa

Cela ne sert à rien de s'acharner sur Sebastian Edathy, résume Die Welt. Il est impliqué dans une tragédie personnelle qui débouchera ou non sur une sanction pénale. En revanche, il est tout à fait justifié d'enquêter sur le volet politique de cette affaire et de voir s'il y a bel et bien eu entrave à la justice et violation des droits et devoirs parlementaires. La manière dont chacun essaie à l'heure actuelle de se positionner, en se renvoyant mutuellement la balle, montre que les protagonistes ont compris l'importance de cette affaire pour leur carrière personnelle.

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