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Affaire Kurnaz : Schröder à la rescousse de Steinmeier

Aude Gensbittel2 février 2007

Les journaux allemands se penchent une fois de fois de plus sur l’affaire Murat Kurnaz. Celui qu’on surnomme le Taliban de Brême a été détenu plus de quatre ans dans la base militaire américaine de Guantanamo avant d’être libéré l’année dernière, car on l’a finalement jugé inoffensif. L’actuel ministre des affaires étrangères, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier est aujourd’hui impliqué dans cette affaire et doit comparaître le mois prochain devant une commission d’enquête parlementaire. Il était à l’époque chef de la chancellerie et on lui reproche d’avoir refusé une offre américaine de libérer Murat Kurnaz. Aujourd’hui, voilà que l’ancien chancelier Gerhard Schröder vient à son s

L'ancien détenu de Guantanamo Murat Kurnaz
L'ancien détenu de Guantanamo Murat KurnazImage : AP

ecours.

« J’assume la responsabilité politique de cette affaire », les mots de Gerhard Schröder s’étalent en premier page de la Bild Zeitung. Dans une interview accordée au journal populaire, l’ancien chancelier affirme que dans la situation de l'époque, Frank-Walter Steinmeier avait agi tout à fait correctement. Selon lui, il faut replacer les événements dans le contexte des années 2001 et 2002, des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis et de la guerre déclarée par le monde entier, y compris l’Allemagne, contre Al-Qaïda. « Je n’aurais pas pris une décision différente », déclare Gerhard Schröder.

Des déclarations accueillies différemment par le reste de la presse allemande. La solidarité de l’ancien chancelier envers Frank-Walter Steinmeier n’a rien d’étonnant, écrit la Berliner Zeitung. On peut juste se demander pourquoi il lui a fallu plus de trois mois pour se décider à lui apporter son soutien. Die Welt estime de son côté que la véhémence avec laquelle les deux hommes politiques défendent leurs actions passées est loin d’être convaincante.

Gerhard Schröder tente de soustraire son ancien bras droit au feu de la critique sans pour autant s’y exposer lui-même analyse le Financial Times Deutschland. Ses déclarations sont habiles, mais elles n’aideront pas Frank-Walter Steinmeier. Car Gerhard Schröder n’est pas vraiment considéré comme une source fiable d’informations par l’actuel partenaire de coalition des sociaux-démocrates, le parti conservateur CDU. Quoiqu’il dise, l’ancien chancelier ne réussit pas à se débarrasser d’un reproche récurrent : sous son gouvernement, la parole et les gestes ne coïncidaient pas toujours en ce qui concerne les droits de l’homme.

Enfin la Frankfurter Rundschau se demande pourquoi l’opinion publique allemande se range elle aussi aux côtés du ministre des affaires étrangères, selon un sondage, 60% de la population pensent qu’il a agit de façon adéquate dans l’affaire Kurnaz. La pire réponse imaginable, c’est qu’à première vue, Murat Kurnaz n’est pas franchement sympathique. Il s’agit d’un homme avec de longs cheveux et une grande barbe, à l’air sinistre voire désespéré. Seulement voilà, ce n’est pas ce genre de considérations qui devraient entrer en ligne de compte. La dignité humaine devrait l’emporter sur les soupçons.