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Affaire Maaßen : la tempête politique ébranle la coalition

Sandrine Blanchard | Marcel Fürstenau
19 septembre 2018

Le patron controversé du renseignement intérieur allemand (BfV) Hans-Georg Maaßen est muté à un poste de secrétaire d'Etat au ministère de l'Intérieur. De quoi déchaîner l'opposition et une partie du SPD en Allemagne.

Symbolbild angeschlagenes deutsches Markenimage
Image : picture-alliance/dpa/R. Goldmann

Pour Hans-Georg Maaßen, c'est une page qui se tourne. Après avoir défrayé la chronique par ses propos suite aux violences xénophobes dans la ville de Chemnitz, le patron du renseignement intérieur allemand (BfV) a été contraint à la démission. Mais ce que critiquent maintenant de nombreux opposants, c'est qu'au lieu d'être sanctionné, Hans-Georg Maaßen a obtenu de nouvelles fonctions… comme secrétaire d'Etat au sein du ministère de l'Intérieur.

Réunions de crise CDU/CSU-SPD

Il aura fallu deux réunions de crise entre les dirigeants des trois partis de la coalition gouvernementale à Berlin pour décider du sort de Hans-Georg Maaßen.

Angela Merkel (CDU), son ministre de l‘Intérieur Horst Seehofer (CSU) et la chef du groupe parlementaire SPD Andrea Nahles ont ainsi convenu que le patron du renseignement intérieur ne pouvait plus rester en place. Horst Seehofer l'a confirmé à la mi-journée, en déclarant :

"Monsieur Maaßen va prendre ses fonctions ici, au ministère, en tant que secrétaire d'Etat. Il aura en charge trois domaines : la police fédérale, la cyberpolice et la sécurité publique."

Les déclarations de Hans-Georg Maaßen à la BILD-Zeitung, déclarations qui relativisaient les violences xénophobes dans la ville de Chemnitz en août, l'avaient placé au centre d'un tourbillon médiatique.

Le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer (à gauche) a toujours soutenu Hans-Georg MaaßenImage : Imago/ZumaPress/E. Contini

Les propos de Hans-Georg Maaßen contredisaient les dires de plusieurs témoins oculaires – dont des journalistes – ainsi que l'avis exprimé par Angela Merkel en personne.

Une contradiction que beaucoup ont interprétée comme une remise en cause déguisée de l'autorité de la chancelière. D'autant que Hans-Georg Maaßen a été soutenu dans la tempête par le ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer, CSU, en délicatesse depuis plusieurs mois avec la chef du gouvernement.

Sauf que le départ de Hans-Georg Maaßen a tout l'air d'une promotion plutôt que d'une sanction : son nouveau poste de secrétaire d'Etat lui permet d'augmenter ses revenus et de monter en grade.

Sur cette caricature, l'enfant est désigné comme "Seehofer" (le ministre de l'Intérieur" qui catapulte Hans-Georg Maaßen en haut de l'échelle sociale:

Un placard (très) doré

Plusieurs responsables politiques d'opposition montent donc au créneau. Anton Hofreiter, qui préside le groupe des Verts au Bundestag, estime que "Personne n'a rien à y gagner, hormis Monsieur Maaßen, qui va désormais toucher 30 000 euros de plus. Après cette mascarade, il n'y aura que des perdants au sein des partis conservateurs et du SPD."

Critique également de la part de Christian Lindner, le président du parti libéral FDP, pour qui ce qui est en train de se passer "ne fait que mettre en évidence le fait que la coalition au pouvoir n'a pas de véritable ligne politique et n'est pas capable d'agir avec rigueur."

Même son de cloches du côté de Dietmar Bartsch. Le président du groupe de gauche Die Linke au Parlement raille, amer : "le fait que Monsieur Maaßen s'en aille est une bonne nouvelle, mais qu'en réalité on lui accorde une promotion, je trouve cela inconcevable".

Pour Dietmar Bartsch, "cela transforme le ministère de l'Intérieur en placard pour fonctionnaires incontrôlables. Je ne comprends pas que le SPD donne son aval."

Kevin Kühnert, à la tête des jeunesses du SPD, réclame la fin de la coalitionImage : picture-alliance/dpa/J. Carstensen

Tourbillon au sein du SPD

Or justement, l'aile gauche du SPD est plus remontée encore. Le maire de Berlin, Michael Müller, estime que tout cela est « extrêmement gênant ». Quant au chef du mouvement des jeunes sociaux-démocrates, les Jusos, il réclame même la fin de l'alliance gouvernementale. Kevin Kühnert assimile cette mutation à "une vraie claque pour ceux qui chaque jour assument leurs responsabilités dans leurs actions et qui, quand ils font une erreur, ne sont pas promus mais craignent plutôt des sanctions. Le prix à payer est trop élevé pour que la grande coalition soit maintenue."

Les dirigeants du SPD vont se réunir dimanche, mais leur chef de file Andrea Nahles a déjà indiqué qu'elle tenait au maintien de la coalition avec les conservateurs.

L'extrême-droite remercie "Monsieur Maaßen pour la vérité", à KöthenImage : picture-alliance/dpa

Seule l'AfD, le parti de la droite populiste a soutenu Hans-Georg Maaßen. Alexander Gauland, le chef du groupe parlementaire de l'AfD au Bundestag, dénonce le "sacrifice" d'un "bouc émissaire", alors que le chef des services de renseignements "a servi fidèlement" l'Allemagne.

 

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