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Economie

Des interdictions d’importations alimentaires en Afrique

Henri Fotso
10 septembre 2019

Le Burkina et le Niger viennent de mettre en place des restrictions aux importations de certaines denrées alimentaires. Ces mesures font suite à la fermeture par le Nigeria de sa frontière avec le Bénin.

Guinea-Bissau | Reis
Image : DW/B. Darame

Ces mesures sont présentées comme étant destinées à lutter contre la contrebande mais aussi pour protéger la production locale et permettre une meilleure maîtrise de la balance commerciale.

Elles ne seraient donc pas une obstruction à l’intégration économique en cours, d’ailleurs très avancée en Afrique de l’ouest avant même la mise en place en cours de la Zone de libre-échange économique continentale. C’est ce qu’explique Maina Boukar Karte, secrétaire général de l’Association des constitutionnalistes du Niger.

 "Les textes au niveau régional et au niveau africain posent un principe, celui de la libre circulation des personnes et des marchandises. Mais exceptionnellement, si la libre circulation des personnes et des marchandises se fait aussi selon certaines manœuvres, notamment avec des spéculations ou bien des réexportations, cela met à mal certaines statistiques nationales comme la balance commerciale, ou bien les différentes impositions. Je pense alors qu'un Etat peut prendre des mesures pour empêcher cela."

Le président de l’Association de défense des droits des consommateurs du Niger, Mahaman Nourri, pense aussi que c’est une bonne décision que viennent de prendre les autorités du Niger en interdisant les réexportations du riz. Ces réexportations sont à l’origine de la spéculation et de l’inflation.

Car le sac de 50 kg de riz coûte 24.000 francs CFA au Niger qui en importe pour plus de 100 milliards de francs CFA par an, alors que le même sac coûte 17.000 francs CFA au Burkina voisin, tous deux des pays sans ouverture sur la mer. Pour Mahaman Nourri, interdire ces réexportations n’entrave pas le libre-échange africain :

"Le riz que nous importons, ce n’est pas du riz africain. C’est du riz qui vient de la Thaïlande, de l’Inde, de la Chine, du Vietnam, de la Birmanie, etc... Par conséquent, par rapport à la Zone de libre-échange, il n’y a n’a pas d’entrave. En revanche, la plupart des commerçants qui importent puis font de la réexportation, particulièrement vers le Nigeria,  font de la fraude."

L'industrie sucrière du Burkina Faso connaît une mévente depuis 5 ans. (Photo d'illustration) Image : Ethiopian Sugar Corporation

Au Burkina Faso, la mesure d’interdiction d’importation frappe surtout le sucre et les huiles alimentaires. Certaines huiles alimentaires importées seraient impropres à la consommation. S’agissant du sucre, la Sociéte nationale sucrière, Sosuco, produit environ 30.000 tonnes de sucre par an, soit le tiers des besoins locaux, estimés à 120.000 tonnes.

Mais la Sosuco subit une mévente chronique depuis la saison sucrière de 2014 -2015, et les importations sont mises en cause. Les stocks de sucre local s’accumulent, les magasins débordent et la société est désormais obligée de stocker du sucre à ciel ouvert.  

Lire aussi :Bénin-Nigeria : les commerçants affectés par la fermeture de la frontière 

Henri Fotso Correspondant au Cameroun pour le programme francophone de la Deutsche Welledwfrancais