1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW
PolitiqueAfrique du Sud

L'ANC à la recherche d'alliés en Afrique du Sud

Patricia Huon | La rédaction francophone
3 juin 2024

Le Congrès national africain n'a plus la majorité et ne peut gouverner seul. Tour d'horizon des partenaires potentiels.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa photographie en gros plan de profil
Malgré sa défaite, le parti de Cyril Ramaphosa reste le plus important parti au Parlement et sera chargé d'élire le prochain président courant juinImage : UPI Photo/IMAGO

En Afrique du Sud, le Congrès national africain, l'ANC au pouvoir depuis 30 ans en Afrique du Sud, a perdu, pour la première fois, sa majorité absolue lors des élections qui se sont tenues la semaine dernière. Avec à peine plus de 40% des suffrages, l'ANC ne recueille que 159 sièges sur 400, selon les résultats consolidés annoncés dimanche par la commission électorale. "Nos concitoyens se sont exprimés. Que cela nous plaise ou non, ils se sont exprimés", a déclaré Cyril Ramaphosa. L'Alliance démocratique (DA), premier parti d'opposition, a obtenu 87 députés, contre 49 parlementaires pour le nouveau parti populiste mené par l'ex-président Jacob Zuma (MK), qui devient la troisième force politique du pays, mais qui a boycotté cette cérémonie officielle.

Pour l'ANC, c'est un revers historique. Le parti a annoncé lancer des discussions en vue de former une coalition. "Ce qui ressort clairement de cette élection, c'est que les Sud-Africains attendent de leurs dirigeants qu'ils travaillent ensemble pour répondre à leurs besoins", a aussi déclaré Cyril Ramaphosa dimanche. "Ils attendent des partis pour lesquels ils ont voté qu'ils trouvent un terrain d'entente, qu'ils surmontent leurs différences, qu'ils agissent et travaillent ensemble pour le bien de tous".

Les alliances possibles

L'ancien mouvement de la lutte contre l'apartheid va donc devoir négocier avec d'autres partis pour tenter de former une coalition. Pour atteindre une majorité, il ne semble y avoir que trois partenaires potentiels. 

    John Steenhuisen, chef du parti Alliance démocratique, DA, avait formé une coalition avec une dizaine d'autres en vue des électionsImage : AFP
  • Tout d'abord l'Alliance démocratique, le DA, premier parti d'opposition qui a récolté 21% des suffrages. C'est un parti de centre-droit qui prône une meilleure gouvernance et lutte contre la corruption. Mais c'est aussi un parti qui est perçu par beaucoup comme défendant surtout les intérêts de la minorité blanche et ses politiques économiques libérales sont sur de nombreux points très éloignées de celles de l'ANC. "L'ANC va devoir faire très attention par rapport à une alliance avec le DA car une large partie de sa base d'électeurs y est hostile", confirme la sociologue et analyste politique Tessa Doom au micro de la DW. "Le DA a sans doute la préférence des milieux d'affaires en tant que partenaire pour une coalition avec l'ANC. Mais ce sont surtout les demandes que feront chaque parti (dans ces négociations) qui vont en déterminer l'issue." 
     
  • Par ailleurs, de l'autre côté de l'échiquier politique se trouvent le parti des Combattants pour la liberté économique, l'EFF, de Julius Malema, avec 9,5% et le MK de l'ancien président Jacob Zuma, qui avec près de 15% des suffrages exprimés devient la troisième formation politique du pays.

Des programmes qui inquiètent le monde économique

Deux partis qui avec leurs politiques radicales font trembler les milieux des affaires. "Dans le cas d'une coalition ANC-EFF, l'effet le plus immédiat sera une fuite des capitaux, on verra le rand chuter par rapport au dollar", prédit François Conradie, analyste sud-africain auprès de Oxford Economics Africa. "A la longue, une grande différence sera sentie dans la politique économique. L'EFF poussera l'ANC et le gouvernement dans lequel il participera dans une direction plus de gauche." L'EFF, tout comme le parti de Jacob Zuma, prônent notamment une expropriation des terres sans compensation et la nationalisation des mines.

Ce qui est certain, c'est que ces négociations vont être tendues. Le parlement a 14 jours pour se réunir et élire un nouveau président.