Comment l'espérance de vie a pu augmenter en Afrique
8 septembre 2022La hausse de l'espérance de vie en Afrique est bien plus importante que partout ailleurs dans le monde. Comment expliquer ce phénomène et quels efforts restent à faire en la matière de santé sur le continent pour maintenir cette tendance ?
Janet Ngetich, 34 ans, a mis au monde sa fille dans la maternité Margaret Kenyatta il y a trois ans, à Nakuru, au Kenya. Elle se souvient que les services étaient "excellents" et elle tient à dire "bravo aux infirmières qui se sont occupées" d'elle.
Janet Ngetich a bénéficié du programme "Linda Mama". Celui-ci permet notamment des soins gratuits aux femmes enceintes qui se rendent régulièrement aux rendez-vous médicaux durant leur grossesse. Objectif : réduire la mortalité infantile et maternelle au Kenya.
Dix ans de plus qu'en 2000
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne que l‘Afrique de l'Est a fortement progressé dans ce domaine, tout comme dans le traitement et la prévention des maladies infectieuses.
En 2019, l'espérance de vie moyenne sur le continent africain était de 63 ans, dont 56 en bonne santé. Soit dix ans de plus qu'en l'an 2000.
Nulle part ailleurs dans le monde, l'espérance de vie n'a augmenté de la sorte. A noter toutefois que cette tendance ne traduit qu'une progression : les personnes qui naissent en Afrique ont encore, en moyenne, une espérance de vie en bonne santé plus courte qu'ailleurs sur la planète.
L'amélioration de l'accès aux antirétroviraux pour les personnes séropositives explique en partie ces progrès, tout comme le plus fort taux de vaccination contre des maladies comme la rougeole ou encore la meilleure prise en charge des patients atteints de maladies dites tropicales.
La lutte contre les MNT
Désormais, pour augmenter sensiblement l'espérance de vie sur le continent, la médecine en Afrique doit toutefois s'attaquer aux maladies non-transmissibles, les MNT : le cancer, le diabète, les maladies cardio-vasculaires par exemple.
Prebo Barango travaille au bureau régional de l'OMS à Harare, au Zimbabwe. Il insiste sur l'importance de la prévention : "Les raisons pour laquelle la prévalence des MNT augmente sont les mêmes dans tous les pays : une alimentation malsaine, l'inactivité physique menant à l'obésité ou encore d'autres choses comme le tabagisme ou la consommation nocive d'alcool. Et puis il y a la pollution environnementale". Prebo Barango va même jusqu'à comparer les maladies non-transmissibles à une "épidémie".
Les affres de la Covid-19 sur l'IDH
La pandémie de Covid-19 a fait par ailleurs reculer fortement les progrès enregistrés en matière d'indice de développement humain. C'est ce qu'a constaté le Programme des Nations unies pour le Développement : pour la première fois depuis sa création il y a une trentaine d'années, l'IDH est en recul deux années de suite dans le monde, Environ 90% des pays de la planète ont enregistré, suite à la Covid-19, une baisse de l'espérance de vie, du niveau d'éducation, et plus généralement du niveau de vie de leurs habitants.
Pour Josephat Nyagero, directeur de recherche à l'Ong médicale Amref au Kenya, la qualité des infrastructures de santé s'est globalement améliorées en Afrique.
Mais il estime que les pouvoirs publics devront encore "faire des efforts dans les régions rurales" et mettre l'accent sur "l'accessibilité des soins, les rendre abordables pour toutes les bourses" – par exemple en misant sur l'assurance maladie universelle, comme le Rwanda, le Togo ou le Ghana.