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Afrique: Pas de grand changement à attendre de Joe Biden

9 novembre 2020

Malgré un style différent de celui de Donald Trump, la politique africaine de Joe Biden va s'inscrire dans la continuité.

Joe Biden devrait conserver le cap diplomatique des Etats-Unis
Joe Biden devrait conserver le cap diplomatique des Etats-UnisImage : Biden Campaign/RS/MPI/Capital Pictures/picture alliance

L’élection de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis suscite des réactions majoritairement positives sur le continent africain.

De nombreux responsables politiques, à commencer par le président sud-africain, l’ont félicité pour son élection.

Cyril Ramaphosa, qui assume en ce moment la présidence tournante de l’Union africaine, a même indiqué être "impatient de travailler avec [le duo Joe Biden-Kamala Harris] et de renforcer les liens d'amitié et [la] coopération entre les deux pays."

Dès l'annonce de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, des habitants du village de Nyang'oma Kogelo, la localité d’où le père de Barack Obama était originaire, au Kenya, ont manifesté leur joie de voir se tourner la page Donald Trump.

Moins d'enthousiasme déchaîné au sommet de l'Etat nigérian, mais un appel de la part du président Muhammadu Buhari qui espère du futur occupant de la Maison blanche à "un plus grand engagement" en matière de lutte contre le terrorisme.

Le président congolais, Felix Tshisekedi, se dit lui disposé à maintenir le "partenariat privilégié qui unit la RDC et les Etats-Unis.

Vers un retour du multilatéralisme

Au niveau diplomatique, le grand changement de la présidence Biden sera sans doute la relance du "multilatéralisme", et le fait que les Etats-Unis renouent avec leurs alliés historiques, comme l’Union européenne ou se remettent à coopérer avec les Nations unies, notamment dans la lutte pour la protection du climat. 

>>>> A lire aussi : Joe Biden et l'Europe, pour un retour à la normale

Les Etats-Unis vont aussi réintégrer l’Organisation mondiale de la Santé et recommencer à verser leur contribution à son financement. 

Autre institution avec laquelle les Etats-Unis devraient reprendre leur coopération : la Cour pénale internationale. Les sanctions prises contre la Procureure générale de la CPI, Fatou Bensouda, au mois de septembre, et les interdictions de voyager imposées à d'autres ressortissants de pays africains sous Donald Trump devraient être levées.

Du point de vue d’Ahmedou Ould Abdallah, qui dirige le Centre pour la Stratégie et la Sécurité dans le Sahel Sahara (Centre 4S), basé à Nouakchott, le changement de l'ère Biden par rapport à son prédécesseur se fera surtout dans "le style". 

'C'est aux Etats africains de créér les conditions pour attirer'

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La forme plus que le fond

Ahmedou Ould Abdallah, lui-même ancien diplomate, a rencontré Joe Biden au Kenya et en Somalie quand celui-ci était vice-président. Il juge que "les fondamentaux de la politique étrangère américaine ne vont pas changer. Pour ce qui est du Sahel, [Joe Biden]  va continuer à renforcer la politique qui sera définie par la cellule conjointe du Département d’Etat et de la Défense, avec ce qui était l’Africacom basé à Stuttgart, en Allemagne".

Dans son message de félicitation à Joe  Biden, le gouvernement de transition du Mali dit vouloir "consolider" les relations économiques et militaires avec les Etats-Unis: "Pour la sécurisation et l’intégrité de son territoire, le peuple malien saura encore compter sur l’accompagnement constant et bienveillant du peuple et du gouvernement américain".

L'ambassadrice américaine en Afrique du Sud, Lana Marks, réceptionne de l'aide américaine en mai 2020Image : picture-alliance/AP Photo/United States Embassy South Africa/L. Kgoedi

En économie, rien de nouveau

Sur le plan économique justement, Joe Biden est aussi favorable à l’allègement de la dette de l’Afrique, et une fois Donald Trump parti, les relations de Washington avec le patron de la BAD (le Nigérian Akinwumi Adesina) devraient s’améliorer.

Toutefois, Ahmedou Ould Abdallah estime que c’est aux Etats africains de créer les conditions de "sécurité légale et physique, comme la Chine l’a fait dans les années 1980", qui attirent les investisseurs américains.

Mais ceux qui ont apprécié l'ère Donald Trump se méfient.

L'administration Trump a parrainé les discussions sur le barrage de la Renaissance GERD, entre l'Ethiopie, le Soudan et l'EgypteImage : Fitsum Arega - Ethiopian ambassador to the United States

Egypte, Soudan etc.

En Egypte, Donald Trump a laissé de bons souvenirs au régime al-Sissi, les deux présidents se targuaient même d’être amis. Les Etats-Unis ont par exemple apporté un soutien sans faille à l’Egypte dans les négociations autour du barrage de la Renaissance que veut construire l’Ethiopie sur le Nil.

Nabil Fahmy, ambassadeur d’Egypte aux Etats-Unis, espère donc que les relations avec l’administration Biden seront à la hauteur. L'ambassadeur prévoit qu'"il y aura des frictions tactiques et des différends, au début. Mais l’Amérique est trop importante et trop puissante pour ignorer l’Egypte et notre région, le Moyen-Orient est trop important aussi pour que Washington n’en tienne pas compte."

Le Soudan espère une suite de la politique de détente, avec le retrait promis du pays de la liste noire américaine. 

Ce Soudanais, interrogé par la DW, se montre plus sceptique : "En tant que Soudanais, je préférais Trump parce qu’il a levé les sanctions sur le Soudan. Biden doit faire ses preuves, s’il fait pareil, je le suivrai."

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