Burundi : sensibiliser à l'albinisme
13 juin 2023C'est la journée internationale de sensibilisation à l'albinisme ce mardi (13.06).
On estime qu'en Afrique subsaharienne, entre 1 enfant sur 5.000 et 1 enfant sur 15.000 à vivre avec l'albinisme. Au Burundi, ils sont 1.200 sur les 12 millions d'habitants. Une petite minorité sur laquelle pèsent d'importantes menaces.
Des violences terribles
Ils sont 15 jeunes vivant avec l'albinisme accueillis dans ce centre créé il y neuf ans à Gitega, la capitale politique du pays. Ils y travaillent pour gagner leur vie, mais y reçoivent surtout une protection contre le danger qu'ils courent à l'extérieur.
Chassés, kidnappés, tués, démembrés dans le cadre de rituels... Le quotidien de nombreuses personnes atteintes d'albinisme est marqué par la peur et la déshumanisation. C'est l'expérience de Thérence Nduwayo, accueilli dans le refuge.
"Je dirais que c'est la main de Dieu qui m'a sauvé. Pour les hommes, ma vie serait déjà finie", raconte Thérence Nduwayo, l'un des deux jeunes hommes bénéficiaire dans le centre. "A un certain moment, ils disaient avoir besoin de nous pour nous tuer. Nous passions des nuits cachés dans les ravins où on nous couvrait et cachait dans une chambre. Ainsi les bourreaux ne nous ont pas trouvés. C'est comme ça que Dieu nous a protégés. Je suis encore en vie et je remercie le bon Dieu."
Une "malédiction" génétique
L'albinisme est une anomalie génétique caractérisée une absence de mélanine, soit de pigmentation, sur les cheveux, la peau et les yeux. Cela se manifeste par des cheveux et poils blancs ainsi qu'une peau beaucoup plus claire.
Une différence visible et encore très peu comprise dans beaucoup de communautés. Car comme Thérence, la plupart des pensionnaires du centre ont vécu des situations de grand danger. Lutter contre ce fléau doit passer par une sensibilisation des Burundais.
L'organisation des personnes vivant avec l'albinisme du Burundi, l'OPAB, se bat depuis près d'une décennie pour la défense et la promotion des droits de cette minorité. "Ce que nous faisons, c'est d'abord de sensibiliser la société burundaise à travers les médias, les échanges qui se font sur le terrain, en leur expliquant ce qu'est l'albinisme.", explique Moïse Nkengurutse, son président. "Au Burundi l'albinisme est donc perçu comme une malédiction par beaucoup de gens."
Au moins 26 cas de meurtres rituels contre les personnes atteintes d'albinisme ont été enregistrés au Burundi depuis 2008. Selon l'OPAB, ces crimes liés à des croyances superstitieuses sont imputables à des réseaux secrets qui prélèvent le sang et les parties du corps des personnes atteintes d'albinisme dans le cadre d'un trafic transfrontalier entre le Burundi et les pays limitrophes. Des pratiques terribles que l'on retrouve d'après l'ONU dans d'autres pays africains.