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Alexeï Navalny pourrait bien avoir été empoisonné (Berlin)

24 août 2020

L'hôpital de la Charité à Berlin où l'opposant russe Alexeï Navalny est soigné relève des traces d'intoxication. Ses jours ne sont plus en danger. Angela Merkel réclame une enquête indépendante.

Manifestation de solidarité avec Alexeï Navalny à Saint-Pertersbourg, samedi
Manifestation de solidarité avec Alexeï Navalny à Saint-Pertersbourg, samedi 22 août 2020Image : picture-alliance/dpa/Tass/P. Kovalev

Alexeï Navalny  n’est pas un patient comme les autres. Il a été placé sous la surveillance du BKA, la police criminelle allemande, dans le service des soins intensifs de l'hôpital de la Charité à Berlin.

Le communiqué publié par les médecins allemands indique que le diagnostique reste "peu clair" mais que l'opposant russe, toujours dans le coma, présente des "traces d'intoxication" avec une substance du "groupe des inhibiteurs de cholinestérase"...  il l’a manifestement échappé belle et pourrait avoir des séquelles sur le long terme "dans le système nerveux".

Un proche de l’opposant russe affirmait ce matin à la presse qu’Alexeï Navalny survivrait, que son état s’était stabilisé, mais qu’il serait sans doute hors du champ politique pour plusieurs mois.
Son transfert de la Sibérie vers l’Allemagne a été organisé sur fonds privés et coordonné par Jaka Bizilj et l’association Cinema for Peace. 
Mais son état de santé est devenu une affaire d’Etat.

Alexeï Navalny à Moscou, en février 2020, lors d'une manifestation en mémoire d'un opposant assassinéImage : Getty Images/AFP/K. Kudrayavtsev

Angela Merkel veut une enquête

D’ailleurs le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a pris la parole à son sujet :

"Nous ne soupçonnons pas Alexeï Navalny de s'être empoisonné lui-même mais que quelqu’un l’ait empoisonné intentionnellement… or dans l’histoire récente de la Russie, il existe hélas plusieurs exemples similaires. C’est pourquoi, je pense, le monde prend ce soupçon très au sérieux."

Alexeï Navalny lors de son transfert de Russie vers l'AllemagneImage : Reuters/A. Malgavko

Angela Merkel réclame que le Kremlin dilligente une enquête indépendante pour "punir les responsables" de cet empoisonnement.
 
Toute la classe politique allemande s’intéresse en effet au sort de l’opposant russe.
Le ton du chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas (SPD), est prudent. Le ministre des Affaires étrangères attend les résultats des enquêtes "médicale" et "criminelle".
Côté conservateurs, Manfred Weber (CSU), qui préside le groupe de droite au Parlement européen, estime qu’il est "évident" que le régime de Vladimir Poutine a quelque chose à voir dans la maladie soudaine du principal opposant au Kremlin. Manfred Weber qui déclare que le président russe est "prêt à tout […] y compris à tuer".

Inhibiteurs de cholinestérase?

Ce soir, les médecins russes affirment ne pas avoir trouvé, lors de leurs tests en Sibérie, d'agents inhibiteurs de la cholinestérase, contrairement aux médecins berlinois.

L'hôpital sibérien se dit par ailleurs "prêt à fournir aux médecins allemands à la fois les résultats des tests de laboratoire et les échantillons de biomatériaux" d'Alexeï Navalny. D'ailleurs, des services du ministère russe de la Santé affirme que les images IRM ont déjà été transmises aux Allemands.
L'anesthésiste en chef de l'hôpital d'Omsk, Boris Teplyk, prétend avoir injecté à l'opposant de l'atropine "dans les premières minutes" suivant son hospitalisation en Russie.
Il s'agit d'un produit utilisé pour le traitement du patient par l'équipe médicale de Berlin.

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