Algérie : le Hirak s'organise face au coronavirus
10 avril 2020Lancé il y a un peu plus d’un an, le Hirak demandait - à grand renfort de manifestations - le retrait de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika puis le départ de l’exécutif issu de la présidentielle de décembre dernier.
Mais la crise du coronavirus est venue mettre fin aux manifestations du vendredi devenues un rendez-vous presque traditionnel. En effet, plusieurs villes sont totalement confinées, à l'image d'Alger qui est soumise à un couvre-feu nocturne.
Pas de quoi faire taire pour autant les contestataires, car selon Saïd Salhi, président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme, la colère gronde plus que jamais :
"On confine des gens chez eux, à la maison, sans les accompagner sur le plan social. Et aujourd’hui on a vu des gens sortir dans la rue, travailler, prendre le risque et parfois être obligés de faire le choix entre être contaminé par le virus ou laisser ses enfants mourir de faim."
Le régime profiterait de cette crise sanitaire, selon maître Seddik Mouhous qui représente plusieurs militants emprisonnés. Depuis que la pandémie a été déclarée, le nombre d’arrestations d’opposants aurait bondi :
"Il y a un journaliste, il y a des activistes de terrain, il y a des activistes des réseaux sociaux. Ces pratiques vont augmenter la fissure avec le peuple. "
Hirak à huis clos
Face à ces arrestations, ce n’est plus dans la rue mais sur la toile que la population exprime désormais sa résistance.
A l’image de cet Algérien qui, depuis chez lui, explique avec humour que les marches de la colère doivent continuer par n’importe quel moyen.
"On ne peut plus sortir à cause de ce virus qui fout la zizanie. Eh bien, moi j’ai décidé de faire mon Hirak à la maison ! A huis clos !"
Une mobilisation virtuelle à laquelle la diaspora algérienne se joint. Riad Kaced vit entre Alger et San Francisco. Depuis son domicile, cet ingénieur enregistre lui aussi des vidéos contestataires :
Cette période de confinement est aussi une très bonne occasion pour beaucoup de personnes - notamment les étudiants - pour préparer et organiser les initiatives qui visent à traduire la révolte populaire en une action politique forte pour l’après-coronavirus.