Gabon : Ali Bongo Ondimba sur les traces de son père
10 juillet 2023Ali Bongo Ondimba est au pouvoir depuis 2009. A la suite du décès de son père, Omar Bongo Ondimba, qui dirigeait le Gabon depuis plus de 41 ans, une élection présidentielle à un tour est organisée la même année.
Ali Bongo, 50 ans, l’emporte alors avec 41,73% des suffrages, devant l’ancien ministre de l’Intérieur André Mba Obame (25,88%), et Pierre Mamboundou (25,22%). Ces adversaires contestent ensuite les résultats. La rue s’enflamme.
Même chose en 2016. Ali Bongo Ondimba est réélu au terme d’un scrutin également très contesté avec 49,80% des voix contre 48,23% pour Jean Ping, ancien président de la Commission de l’Union africaine.
En 2023, Ali Bongo Ondimba va donc se présenter pour la troisième fois.
"On peut me reprocher des choses, mais pas de manquer d’ambition pour mon pays. Nos plus beaux exploits, nous pouvons les réitérer en nous battant ensemble pour l’emploi, pour faire baisser le coût de la vie. Pour continuer d’écrire cette histoire et pour ce futur, j’annonce officiellement que je suis candidat pour amener le Gabon beaucoup plus loin" dit le président devant des milliers de partisans rassemblés ce dimanche 9 juillet à Libreville.
Soutien et opposition
Dans les rues de Libreville, cette nouvelle candidature est diversement appréciée.
"Honnêtement, je ne pense pas qu’il ait des chances de gagner, à moins qu’il utilise encore la force comme en 2016. Si c’est dans les urnes, les Gabonais ne voteront pas pour lui", estime Franck Ogandaga.
"Il va gagner, il a trouvé du travail aux Gabonais, il a réduit le chômage, il peut gagner, car il fait développer notre pays, le Gabon", dit pour sa part Olivier Mbango, jeune étudiant.
L'heure du bilan
Le président vante ses succès sur le plan économique et social avec la construction de nombreuses infrastructures dont des routes, des écoles ou des centres de santé, mais certains experts évoquent au contraire un bilan peu glorieux.
"Le bilan est calamiteux au regard des 13 seules réalisations sur 105 promesses qu’il a faites. Les promesses phares qui n’ont pas été tenues : doter l’administration gabonaise d’une cité administrative, la création de 700 crèches ou de 20.000 emplois. Les Gabonais tirent le diable par la queue dans les ménages. Le coût de la vie ne fait qu’augmenter, le prix du transport aussi", explique Harold Leckat, coauteur d’un récent rapport sur le second mandat d’Ali Bongo Ondimba.
Ali Bongo Ondimba a été victime, en 2018, d'un accident vasculaire cérébral et a passé plusieurs mois à se rétablir, ce qui a amené de nombreux Gabonais à s'interroger sur sa capacité à assumer ses charges dans un pays dirigé par la famille Bongo depuis 56 ans.
Une situation qui devrait se poursuivre, le président sortant étant donné comme le grand favori du scrutin d’août, face à une opposition très divisée.