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Allemagne : 80e anniversaire de la nuit de cristal

9 novembre 2018

Plus d’un millier de juifs ont été tués cette nuit appelée aussi "nuit des pogroms". Ces violences antisémites perpétrées durant cette nuit du 9 novembre 1938 ont laissé une trace indélébile dans la mémoire collective.

Gedenken an die Pogromnacht in Berlin
Image : Getty Images

Le 9 novembre est souvent appelé en Allemagne le "jour du destin", "Schicksalstag". Plusieurs grands événements historiques se sont déroulés le 9 novembre : la chute du Mur de Berlin, la tentative de putsch ratée par Hitler en 1923, la révolution de 1918…  

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, Hitler est au pouvoir depuis près de six ans. Des hommes armés qui lui sont fidèles prennent pour prétexte l’assassinat d’un secrétaire de l’ambassade allemande à Paris par un juif polonais pour s’en prendre aux juifs d’Allemagne.

En fait, les nazis mettent à exécution un plan d’extermination préparé de longue date.  

La compositrice Ursula Mamlok avait quinze ans à l’époque. Décédée en 2016, elle témoignait, trois ans avant sa mort, au micro de DW-TV, des violences du 9 novembre 1938 qui ont poussé sa famille à l’exil peu de temps après.

 "On avait peur de descendre dans la rue. Les nazis avaient mis le feu à la synagogue de notre quartier. Ils avaient fait mettre en rang des hommes dans la rue, et on savait bien qu’ils allaient être déportés dans des camps de concentration."

Le 9 novembre, "jour du destin" allemand

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Meurtres, arrestations et saccages annonciateurs de l'extermination des Juifs...

1.400 synagogues sont pillées et détruites. Les attaques contre les juifs font plus d’un millier de morts, des femmes juives sont violées en masse. Suivront près de 30.000 déportations vers des camps de concentration nazis, en Allemagne, où les prisonniers sont torturés et contraints au travail forcé.

Guilhem Zumbaum-Tomasi, chargé de l'éducation historique et politique au Mémorial Friedrich-Ebert de Heidelberg, explique en quoi les pogroms de 1938 annonçaient la solution finale à venir.

 "Ce qui se passe en 1938 n’était jamais arrivé dans un pays civilisé où des droits sont reconnus. Pour les juifs, il a été clair à partir de novembre 1938 qu’on ne pouvait pas s’arranger avec les mesures antisémites prises depuis 1933. L’objectif était que plus aucun juif ne puisse vivre en Allemagne."

Crainte d'un regain d'antisémitisme

A l’époque, de nombreux Allemands participent aux violences initiées par les nazis. Au mieux, on se tait, on ferme les yeux. Un souvenir douloureux qui remonte à la surface à la faveur d’une étude publiée cette semaine par l’Université de Leipzig.

Celle-ci montre que la xénophobie et l’antisémitisme sont redevenus plus acceptables pour près d’un Allemand sur trois dans les Länder de l’Est, un peu moins à l'ouest. Oliver Decker, qui a dirigé l’étude, y voit un danger pour la démocratie.

 "Les gens disent s’identifier beaucoup avec l’idée de la démocratie, à plus de 90%, mais ce qu’ils entendent par-là n’a souvent rien de commun avec ce qu’un Etat de droit entend par démocratie, c’est-à-dire une société libre et ouverte, dans laquelle tout le monde a les mêmes droits et dans laquelle aucun groupe n’est discriminé", explique Oliver Decker.

D’après l’étude menée par Oliver Decker, environ 40% des Allemands seraient prêts à soutenir un régime plus autoritaire qui rognerait sur les droits individuels.

Pour commémorer la "nuit de cristal", de nombreuses manifestations sont organisées dans toute l'Allemagne. Angela Merkel a prononcé un discours dans une synagogue de Berlin, en présence du Conseil central des Juifs d'Allemagne.