De moins en moins de nouveaux-nés en Allemagne
2 novembre 2024Le taux de natalité est en baisse en Allemagne. Selon l'Institut de recherche économique (ifo), il est actuellement de 1,35 enfant par femme, alors qu'il était encore de 1,58 en 2021. Le recul est plus marqué en Allemagne de l'Est que dans les Etats-régions de l'Ouest.
Selon les données de l'Office fédéral des statistiques, environ 392.000 enfants sont nés en Allemagne entre janvier et juillet 2024. Selon les statisticiens, cette baisse de 3 % par rapport à la même période en 2023 confirme une tendance à la baisse qui avait déjà marqué l'ensemble des années 2022 et 2023 (693.000). Sur l'ensemble de l'année 2021, 795 500 enfants sont nés en Allemagne. En d'autres termes, plus d'un lit sur huit dans un service de néonatologie est resté vide en 2023 (par rapport à 2021).
Finies les années fastes
Les années avec près de 800.000 nouveau-nés n'ont commencé qu'en 2016. Jusqu'alors, les statisticiens avaient annoncé des chiffres nettement inférieurs pour l'Allemagne et alerté les politiques. En 2013, ils n'étaient que 682 000, puis plus de 737 000 en 2015.
Au cours de ces années fastes, entre 2016 et 2021, on comptait à chaque fois nettement plus de neuf nouveaux-nés pour 1000 habitants. Aujourd'hui, ce chiffre n'est plus que de 8,2, soit encore moins qu'il y a dix ou quinze ans.
Les fluctuations importantes de ces chiffres entraînent toujours des changements à long terme. Cela vaut tout d'abord pour le nombre de places nécessaires pour les places en crèche et à l’école. A plus long terme, il s'agit de la main-d'œuvre et du financement stable des caisses de pension. Enfin, un faible taux de natalité est également une raison pour laquelle l'immigration en Allemagne est nécessaire.
Différence est-ouest
L'institut ifo attire particulièrement l'attention sur un détail : le nombre de naissances dans les Etats-régions de l'Est de l'Allemagne diminue encore plus rapidement que dans les Etats-régions de l'Ouest. Dans l'ensemble de l'Allemagne, le nombre de nouveaux-nés a baissé de près de 13% entre 2021 et 2023. Mais dans l’Est, le recul a même atteint 17,5%. Cela correspond à la tendance statistiquement prouvée selon laquelle plus de jeunes femmes que de jeunes hommes déménagent de l'Allemagne de l'Est vers l'Allemagne de l'Ouest pour de meilleures perspectives professionnelles ou privées.
Le fait que le nombre total de naissances diminue s'explique en principe et n'est finalement pas une surprise. En effet, à l'échelle de la société, le nombre de femmes en âge de procréer diminue. Mais cela ne suffit pas à expliquer la tendance. Les statistiques montrent que la baisse du nombre de nouveaux-nés est également due à la baisse du taux de natalité par femme.
"Le comportement en matière de natalité, exprimé par le taux de natalité, a massivement changé au cours des trois dernières années", déclare à la DW Joachim Ragnitz, directeur adjoint de l'institut ifo à Dresde. "De toute évidence, la crise de Covid-19, le début de la guerre en Ukraine et les pertes de revenus réels qui ont suivi en raison d'une forte inflation ont incité de nombreuses jeunes familles à remettre à plus tard leurs éventuels désirs d'enfants." Les raisons sont des suppositions et ne peuvent pas être prouvées statistiquement.
Selon l'expert de l'Ifo, il faudrait en tout cas un changement fondamental de mentalité au sein de la société. Il cite un exemple concret : "Aujourd'hui, certains hôtels font de la publicité pour refuser d’accueillir des enfants. Il y a fondamentalement une image d'enfants perturbateurs derrière cela". C'est pourquoi la société dans son ensemble doit se poser la question de savoir comment elle traite les enfants et les familles et ce qu'elle veut faire pour cela.
Que la politique contribue à une autre pensée et à d'autres chiffres par des mesures concrètes de politique familiale ou que la société dans son ensemble contribue à un changement fondamental d'état d'esprit, cela ne changera pas rapidement l'évolution, selon Joachim Ragnitz. "Ces deux éléments ne pourraient jouer un rôle qu'à long terme, pas à court terme. Quelles que soient les étapes franchies, on ne pourra obtenir des changements qu'à très long terme".