Un projet de loi qui ne passe pas en Allemagne
31 janvier 2025La session a commencé avec plusieurs heures de retard après des négociations pour éviter le vote du texte grâce aux voix du parti d'extrême droite AfD. Il y a deux jours, une motion sur l'immigration avait cette fois été votée par une alliance entre les conservateurs et l'extreme droite.
La question reste en effet sensible, ceci alors qu'il existe un " cordon sanitaire", en Allemagne on parle de "Brandmauer", pour faire barrage à l'extrême droite.
Un rapprochement qui fait polémique
En pleine campagne électorale et à seulement trois semaines des élections législatives, la question d'un rapprochement entre les chrétiens-démocrates (CDU/CSU) de Friedrich Merz, favori des sondages pour le scrutin du 23 février, et l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), fait évidemment débat.
Mercredi déjà, les conservateurs ont voté avec l'AfD pour faire adopter de justesse une motion, non contraignante, à la chambre des députés, visant à refuser l'entrée en Allemagne des étrangers sans papier, y compris les demandeurs d'asile.
Cette motion de Friedrich Merz demande aussi au gouvernement de rendre permanents les contrôles aux frontières de l'Allemagne et de détenir, en attendant leur expulsion, les migrants qui doivent quitter le pays.
Alors que l'Allemagne a été touchée par une série d'attaques terroristes, Friedrich Merz a en effet durci sa position sur l'immigration avant les élections fédérales. Il s'est engagé à sévir contre l'immigration irrégulière s'il devient chancelier.
Il entend, par exemple, interdire l'entrée en Allemagne aux personnes dépourvues de papiers en règle et a promis d'augmenter les expulsions.
Son rapprochement avec l'AfD a brisé un tabou politique dans un pays où les partis traditionnels se sont toujours refusés à coopérer au niveau national avec l'extrême droite.
Préserver le pare-feu contre l'AfD
Cette main tendue à l'Alternative für Deutschland (AfD), principal parti d'extrême droite, est inédite dans l'histoire allemande depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et beaucoup se demandent si l'on se dirige vers la fin de ce que l'on appelle en Allemagne "Brandmauer" ou "pare-feu".
Ce "cordon sanitaire", qui existe dans d'autres pays européens, consiste pour les partis traditionnels à faire barrage à l'extrême droite en refusant de s'allier avec elle.
En Allemagne, le "cordon sanitaire" a été officiellement érigé en doctrine politique en 2018 par la CDU de Friedrich Merz. Les chrétiens-démocrates avaient ainsi promis de ne travailler ni avec le parti de gauche radicale Die Linke, ni avec l'AfD.
Mais dans la réalité, il existe des cas de coopérations avec l'AfD au sein des parlements des Länder, notamment dans l'est de l'Allemagne.
Avec les rapprochements observés ces derniers temps au Bundestag, pour la candidate de l'AfD à la chancellerie, Alice Weidel, il ne fait aucun doute que le pare-feu est " tombé ".
Des dizaines de milliers de personnes n'ont toutefois pas hésité à manifester leur désaccord en protestant dans plusieurs villes allemandes contre l'AfD et l'affaiblissement du cordon sanitaire.
Le chancelier Olaf Scholz est également intervenu. Il a averti Friedrich Merz, qui avait auparavant juré de ne jamais coopérer avec l'AfD, que "le pare-feu contre l'AfD ne doit pas s'effondrer".