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Débat autour d'une vaccination obligatoire en Allemagne

Hugo Flotat-Talon
22 novembre 2021

L'idée d'une vaccination obligatoire contre la Covid-19 gagne des soutiens alors que le pays est durement frappé par la pandémie.

Un carnet de vaccination en Allemagne
En Allemagne, moins de 70% (68% au 22.11) de la population est vaccinée totalement.Image : Weber/Eibner-Pressefoto/picture alliance

L'Allemagne s'approche de la barre des 100.000 morts liés à la pandémie de Covid-19. Les chiffres de contaminations sont au plus haut : le taux d'infection est ce lundi (22.11) de 386,5 pour 100.000 habitants, un record absolu pour l'Allemagne. Dans ce contexte, le débat autour d'une obligation vaccinale pour tout le monde prend de l'ampleur. 

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Le sujet a longtemps été presque tabou en Allemagne. Alors que plusieurs pays européens voisins l'ont fait très tôt, l'Allemagne a même décidé seulement la semaine dernière de rendre la vaccination obligatoire pour le personnel des hôpitaux et maisons de retraite. 

Des sanctions pour des stars du football

Mais face à une quatrième vague qualifiée de "hautement dramatique" par Angela Merkel, le débat sur cette vaccination obligatoire pour tous prend de l'ampleur très rapidement, accéléré encore par les annulations au tout dernier moment des marchés de Noël en Bavière ou en Saxe ce week-end. 

Les sanctions prises par le Bayern de Munich contre ses joueurs non vaccinés le week-end dernier ont aussi remis le sujet sur le devant de la scène. Selonle quotidien Bild, le club a informé Josuha Kimmich, Sergne Gnabry, Eric Maxim Choupo-Moting, Machael Cuissance et Jamal Musiala qu'ils ne seront pas payés pour les périodes d'isolement qu'ils ont ou devront respecter en cas de contamination autour d'eux.

Soupçonné d'avoir utilisé un faux certificat de vaccination, l'entraîneur du Werder Brême Markus Anfang a présenté sa démission le week-end dernierImage : Daniel Karmann/dpa/picture alliance

"Sortir de cette boucle sans fin"

Les responsables de santé ou politiques sont ainsi de plus en plus nombreux à réclamer cette obligation. Dont certains même qui s'y opposaient jusqu'alors comme le ministre de la Santé de Bavière qui a surpris ce lundi sur la radio publique Deutschlandfunk. "J'ai toujours été contre l'obligation de vaccination, j'étais d'avis que nous devions convaincre avec des arguments", a commencé par dire Klaus Holetschek, avant de poursuivre : "Mais je pense désormais que nous devons débattre rapidement de ce sujet. Je suis désormais rationnel et favorable à cette vaccination obligatoire. Je pense que nous ne pourrons sortir de cette boucle sans fin que si cette vaccination obligatoire est mise en place."

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Le ministre de Bavière est à droite sur l'échiquier politique. Mais de l'autre côté, les voix demandant la mise en place de la vaccination sont aussi de plus en plus nombreuses. Des pétitions sont aussi lancées dans la population. 

La Bavière et la Saxe ont annoncé, en fin de semaine dernière, l'annulation de tous les marchés de Noël dans ces deux régionsImage : Klaus-Dietmar Gabbert/dpa/picture alliance

"Pour le bien des enfants"

Beaucoup en appellent notamment à l'obligation, vis-à-vis des enfants, qui souffrent des restrictions liées à la pandémie depuis le départ, sans pouvoir décider de se faire vacciner ou non du fait qu'aucun vaccin n'est encore autorisé pour eux. C'est le cas du professeur de droit public Hinnerk Wißmann, qui écrit ce lundi dans le journal die Welt que "la législation sur la protection contre les maladies infectieuses a toujours comporté des obligations vaccinales et en comporte encore. Pour tous les enfants, la scolarisation obligatoire en Allemagne implique l'obligation d'être vacciné contre la rougeole, obligation également valable pour les enseignants et les éducateurs."

Et le professeur d'interroger : "Pourquoi le même principe, transposé au vaccin anti-Covid, ne devrait-il pas être applicable à tous les retraités et aux professionnels de santé ? Cela échappe à l'entendement. "

Même Lothar Wieler, le directeur de l'Institut Robert Koch (RKI), l'institut de veille sanitaire qui observe et gère la pandémie depuis le début, ne s'y dit plus opposé. "C'est un moyen, et là je suis tout-à-fait d'accord avec l'OMS, sur que nous ne souhaitons pas", a-t-il expliqué à la télévision. "D'ailleurs, beaucoup d'études ont été faites à ce sujet, beaucoup de scientifiques ne trouvent pas que ce soit une bonne solution… Mais quand on a essayé tout le reste, alors l'OMS dit qu'il faut réfléchir à une vaccination obligatoire."

Cynisme du ministre de la Santé

Les opposants répondent que chacun doit pouvoir décider. Que vacciner toute la population aurait des effets bénéfiques dans plusieurs mois seulement et que la mesure est inutile à court terme. A l'intérieur même des trois partis qui devraient former le nouveau gouvernement prochainement, les avis divergent.

L'évolution de la courbe des infections et des hospitalisations dans les jours et semaines à venir pourrait faire pencher le débat dans un sens ou dans l'autre. Pour l'heure cette courbe explose vers le haut. 

Et mettant en garde une nouvelle fois ce lundi contre la hausse des cas et le contagieux variant Delta, le ministre fédéral de la Santé allemand s'est montré cynique. "Vraisemblablement à la fin de l'hiver (...) chacun ou presque sera vacciné, guéri ou mort", a déclaré Jens Spahn.
 

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_
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