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L'Allemagne discute de son engagement au Mali

29 juin 2021

L'attentat-suicide de Gao a relancé le débat au sein de la classe politique allemande : faut-il que la Bundeswehr reste au Mali ?

Le Camp Castor, base de la Minusma à Gao
Le Camp Castor, base de la Minusma à GaoImage : picture-alliance/M. Heine

Près de six jours ont passé depuis l'attentat-suicide dans lequel douze soldats allemands et un belge ont été blessés, au Mali. Deux d'entre eux sont toujours en soins intensifs. La ministre allemande de la Défense doit s'entretenir aujourd'hui avec le secrétaire général de l'Onu, à New York, puisque les soldats blessés intervenaient dans le cadre de la Minusma. Mais en Allemagne, l'attaque a relancé les divisions politiques sur la nécessité de l'engagement de la Bundeswehr dans le Sahel. Un thème particulièrement brûlant en période pré-électorale. 

Une enquête est en cours pour déterminer les responsabilités dans l'attentat qui a touché l'armée allemande. Mais pour le gouvernement à Berlin, il n'est pas question pour autant de remettre en cause la participation de l'armée aux missions internationales (Minusma, EUTM) au Mali.

>>> Lire aussi : Une nouvelle stratégie des terroristes au Mali ?

Visite au Mali de la ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer (en 2019)Image : picture-alliance/dpa/A. I. Bänsch

Ces missions sont dangereuses, certes, mais la ministre de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, veut se fixer des "objectifs politiques réalistes" pour ne pas reproduire les mêmes erreurs qu'en Afghanistan. Elle s'en est expliquée au micro de la radio publique Deutschlandfunk :

"Il faut toujours se demander quelles seraient les conséquences d'un retrait de nos troupes du Mali, celles qui accompagnent le processus de paix et celles des missions de renforcement : que resterait-il de la stabilité de la région ? Il ne peut pas être dans l'intérêt des Européens ni des Allemands que le Sahel soit totalement déstabilisé et qu'il tombe complètement entre les mains de terroristes et de groupes criminels. C'est pourquoi je continue de penser – et c'est aussi l'avis du ministère des Affaires étrangères – que notre intervention sur place a encore un sens."

La ministre insiste sur la nécessaire coordination des différentes missions : Minusma, EUTM et Takouba. Elle doit en discuter dans la soirée avec le secrétaire-général de l'Onu.

Par ailleurs, elle indique que l'Allemagne continue de surveiller de près la transition au Mali. Le mandat de l'armée allemande a été prolongé d'un an le 19 mai dernier, pour accompagner le processus de paix et la transition démocratique>>> Lire aussi : Berlin renforce le mandat de ses soldats au Mali

Le gouvernement veut maintenir la présence allemande

Johann Wadephul, le vice-président du groupe parlementaire conservateur (CDU/CSU) au Bundestag, argumente ainsi en faveur d'un maintien de la Bundeswehr au Mali : "Il y va de nos propres intérêts en matière de sécurité car le Sahel pourrait devenir une région où prospère le terrorisme international qui pourrait déstabiliser toute l'Afrique de l'Ouest.  Les conséquences seraient imprévisibles pour l'Europe. Songez donc aux flux migratoires".

Mais la droite allemande y voit aussi un devoir de solidarité avec les partenaires européens de l'Allemagne (notamment la France), et enfin une "responsabilité" de la République fédérale de défendre "la paix et la stabilité dans le monde".

Le SPD, partenaire de coalition des conservateurs, approuve l'idée d'une mission mais reste divisé sur la question des drones armés.

Soldat allemand de la mission de formation européenne EUTM-MaliImage : picture-alliance/dpa/P. Steffen

Opposition pour... ou contre

Dans l'opposition, le FDP estime qu'un retrait de l'Allemagne serait une concession faite aux terroristes.

Les écologistes rejettent toute mission robuste mais sont favorables à un appui des Nations unies. A l'extrême gauche, Die Linke réclame un arrêt pur et simple de toutes les opérations militaires à l'étranger pour ne plus, dans le cas du Sahel, "soutenir la guerre que mène la France pour accéder à des richesses naturelles à bas prix".

L'AfD d'extrême-droite, elle, ne veut pas mettre en danger la vie des militaires.

Les avis risquent donc d'être tranchés mercredi, au Bundestag, où les circonstances de l'attaque de vendredi seront présentées à la Commission parlementaire des Affaires étrangères.

Les législatives approchent

La politologue Helga Dickow, de l'Institut Arnold Bergstraesser à Fribourg, n'exclut pas que la discussion continue pendant la campagne électorale, à l'approche des législatives de septembre en Allemagne.

"Pour l'instant, il n'y a aucune majorité qui se dessine donc les partis devront faire des alliances. Et il se peut que les positions des différents partis sur l'attitude que devra adopter le futur gouvernement en la matière entrent en ligne de compte dans les négociations."

Même si Helga Dickow le rappelle : "une majorité d'Allemands ignorait encore, au moins jusqu'à l'attentat de Gao, que l'armée allemande est engagée au Mali."

 

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