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La France et l'Allemagne pour ne pas "humilier" la Russie

18 mai 2022

Les Etats-Unis veulent affaiblir la Russie en soutenant l'Ukraine. Bien que favorables à Kiev, la France et l'Allemagne sont plus modérées.

Emmanuel Macron et Olaf Scholz affichent leur soutien à l'Ukraine
Emmanuel Macron et Olaf Scholz affichent leur soutien à l'UkraineImage : Lisi Niesner/REUTERS

Aux Etats-Unis, la Maison blanche entend profiter de la guerre en Ukraine pour affaiblir durablement la Russie. L'idée est d'empêcher Moscou de poursuivre, y compris dans d'autres pays, sur la voie de la guerre. A Berlin et à Paris, les dirigeants analysent toutefois la situation autrement. La France et l'Allemagne veulent éviter une humiliation de la Russie qui pourrait rendre ce pays encore plus imprévisible.

Devant la Porte de Brandebourg, à Berlin : Emmanuel Macron et Olaf ScholzImage : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

Unité franco-allemande

Quand Emmanuel Macron est allé à Berlin début mai, il a posé aux côtés d'Olaf Scholz devant la Porte de Brandebourg illuminée aux couleurs de l'Ukraine.

Comme la France, l'Allemagne soutient l'Ukraine. Elle a décidé finalement de lui livrer des armes lourdes et appuie les décisions du G7 et de l'Union européenne d'augmenter leur aide financière et militaire.La Suède et la Finlande demandent leur adhésion à l'Otan

Berlin est également sur la même ligne favorable que Paris concernant une adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan. Olaf Scholz a ainsi déclaré à la télévisionr : "Il était clair pour nous tous que les frontières ne seraient pas déplacées par la force et que les souverainetés des pays devaient être respectées. La Russie a violé cette loi et c'est pourquoi personne ne peut supposer que le président russe et le gouvernement russe ne violeront pas la loi par la violence dans d'autres pays à une autre occasion.”

Les membres de l'unité d'Asov sont considérés comme des héros à KievImage : Fanny Facsar/DW

La stratégie de Washington

Pourtant, la France et l'Allemagne font preuve de davantage de prudence que les Etats-Unis pour ce qui est de la stratégie de long terme vis-à-vis de la Russie. 

Llyod Austin, le secrétaire d'Etat américain de la Défense, l'a dit clairement : l'objectif de la Maison blanche est d'affaiblir durablement la Russie. "Nous voudrions nous assurer qu'ils n'ont pas à nouveau le même type de capacité à intimider leurs voisins que nous avons vu au début de ce conflit", a-t-il fait savoir dès la fin avril.

Les Etats-Unis sont ainsi le premier pays à avoir dit que la Russie pouvait perdre cette guerre.

Modération de mise à Paris et Berlin

Paris et Berlin sont plus modérés. Solidaires du peuple ukrainien oui, mais pas question en revanche pour la France et l'Allemagne de "céder à la tentation ni de l'humiliation ni de l'esprit de revanche”, pour reprendre les mots d'Emmanuel Macron lors de la Conférence sur l'avenir de l'Europe.

Berlin aussi a choisi son camp.

Lloyd Austin veut s'assurer d'affaiblir la RussieImage : Thomas Lohnes/Getty Images

Visite-surprise d'Annalena Baerbock en Ukraine

Mais, l'Allemagne a vécu elle-même, après la Première guerre mondiale, ce qu'un traité de paix humiliant pouvait avoir comme conséquences politiques incalculées, alors, en dépit des critiques de certains députés, le chancelier Olaf Scholz hésite à prendre des décisions qui répondent certes aux souhaits des Etats-Unis – comme de livrer des armes lourdes à l'Ukraine - mais qui risqueraient de froisser définitivement Vladimir Poutine.

Ceci pourrait rendre la politique du Kremlin plus imprévisible encore et constituer une menace pour l'Allemagne et l'Europe.

Négocier sans écraser

La France et l'Allemagne recommandent donc une reprise des négociations au plus vite pour aboutir à un cessez-le-feu. Pour éviter que Vladimir Poutine « perde la face », l'Ukraine pourrait être contrainte d'accepter de perdre une partie de son territoire.

Ce que le président ukrainien Volodymyr Zelensky refuse, résolu à poursuivre la guerre pour libérer son pays. Tandis que Washington entend assurer une victoire militaire à l'Ukraine pour lui conférer plus de force à la table des pourparlers, face à Moscou.