1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Guerre en Ukraine : le cas Schröder embarrasse Berlin

2 mars 2022

Réputé proche de Vladimir Poutine, l'ex-chancelier allemand qui n'a toujours pas condamné l'invasion russe en Ukraine, fait face à une pression accrue.  

L'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder
L'ancien chancelier allemand Gerhard SchröderImage : Kay Nietfeld/dpa/picture alliance

Alors que la guerre continue en Ukraine et que les sanctions contre la Russie se multiplient, en Allemagne une personne met la classe politique dans l'embarras. Il s'agit de l'ancien chancelier Gerhard Schröder qui n'a toujours pas condamné l'invasion russe en Ukraine.

Ses relations amicales, sa proximité souvent affichée avec le président russe Vladimir Poutine, ses critiques récurrentes à l'égard de l'Ukraine et ses fonctions à la tête de grands groupes russes du secteur de l'énergie… c'est tout cela qui met Gerhard Schröder sous le feu des projecteurs depuis le début de la guerre en Ukraine.

L'ex-chancelier doit en principe entrer au conseil de surveillance du géant russe Gazprom en juin. Ceci alors qu'il est déjà président du conseil d'administration de Rosneft, premier groupe pétrolier russe, et du comité d'actionnaires de Nord-Stream 2, gazoduc russo-allemand controversé, également bâti par Gazprom, et qui vient de déposer le bilan après sa suspension depuis l'invasion russe de l'Ukraine.

Lire aussi : Schröder chez Rosneft, une affaire qui fait des vagues

Des postes auxquels Gerhard Schröder ne semble pas vouloir pour le moment renoncer contrairement à d'autres anciens dirigeants européens liés à des groupes russes, comme le Français François Fillon ou l'Italien Matteo Renzi. Conséquence : il suscite des critiques de plus en plus virulentes en Allemagne.

Gerhard Schröder et Vladimir Poutine en Mai 2018 à MoscouImage : Alexei Druzhinin/dpa/picture alliance

Réactions et condamnations

Dans une tribune sur la DW, l'universitaire Alexander Görlach, qui est par ailleurs chercheur au Carnegie Council for Ethics in International Affairs, estime qu'il est impératif vu le contexte actuel que Gerhard Schröder, qui en 2004 est allé jusqu'à qualifier Vladimir Poutine de "parfait démocrate", mette cette relation en pause.

Selon lui, alors que pour la première fois depuis Gerhard Schröder en 2005 un social-démocrate est à la tête de la chancellerie, il est inacceptable que son prédécesseur contrecarre publiquement les efforts de paix et de stabilité en Europe.

Lire aussi : La guerre en Ukraine pousse l'Allemagne à moderniser son armée

Olaf Scholz lui-même a pris ces dernières semaines ses distances avec Gerhard Schröder et rappelé que ce dernier "ne parlait pas au nom du gouvernement".

Déjà certains collaborateurs de Gerhard Schröder dont Albrecht Funk, le rédacteur de ses discours depuis plus de 20 ans, ont demandé à être réaffectés, signalent plusieurs médias allemands dont le Tagesschau.

Gerhard Schröder et son épouse So-yeon Schröder-Kim au Bundestag en décembre 2021Image : Kay Nietfeld/dpa/picture alliance

Ce mercredi, le magazine der Spiegel faisait état d'une réaction de Soyeon Schröder-Kim, l'épouse de l'ex-chancelier qui a pris la parole via Instagram.

Tout en déplorant la guerre en Ukraine, elle a estimé qu'il est important que les liens politiques, économiques et de la société civile qui subsistent entre l'Allemagne et la Russie ne soient pas rompus. Une façon peut-être de justifier la position de son mari.

Le club de football allemand du Borussia Dortmund a retiré mercredi à l'ancien chancelier Gerhard Schröder son titre de membre d'honneur du club, en raison de ses liens avec Vladimir Poutine et avec des grands groupes russes, indique le BVB sur son site internet. La décision a été prise à l'unanimité du comité directeur et le président du club Reinhard Rauball a personnellement informé l'ancien chancelier social-démocrate (1998-2005), précise le Borussia.