1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le président allemand "persona non grata" en Ukraine

13 avril 2022

Le refus de l'Ukraine d'accueillir le président allemand Frank-Walter Steinmeier est vivement critiqué en Allemagne.

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier.
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier.Image : Jens Büttner/dpa/picture alliance

Une visite du chancelier allemand Olaf Scholz est vivement souhaité en Ukraine. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky souhaite en effet ce déplacement à Kiev car il espère que Berlin lui livre des armes lourdes. Mais l’invitation pressante et renouvelée faite au chancelier allemand intervient sur fond de tension après le refus, le mardi 12 avril, du président Zelensky de recevoir le président allemand Frank-Walter Steinmeier. Ce dernier souhaitait se rendre à Kiev avec des délégations de Pologne et des pays baltes, mais l'Ukraine a refusé et cela provoque de nombreux débats en Allemagne. 

Lire aussi → Frank-Walter Steinmeier réélu président de l'Allemagne

Un déplacement "non souhaité"

"Mon homologue et ami, le président polonais Andrzej Duda, a suggéré ces derniers jours qu'avec les présidents d'Estonie, de Lettonie et de Lituanie, nous entreprenions un voyage à Kiev afin de lancer un signal fort de solidarité. La solidarité européenne avec l'Ukraine. J'étais prêt à le faire. Mais apparemment, et je dois l'admettre, cela  n’était pas souhaité à Kiev". C’est par cette déclaration devant la presse que le président allemand Frank-Walter Steinmeier a informé ses compatriotes du refus de Kiev de le voir faire un déplacement en Ukraine.

Les réactions n’ont pas tardé aussitôt après cette annonce. Pour l’hebdomadaire Der Spiegel, une référence en Allemagne, ce refus de recevoir le président allemand est un "affront inutile". "L'Ukraine se rend un mauvais service" estiment de leur côté les éditorialistes de la télévision publique.  Et ce n’est pas que dans la presse que la nouvelle a provoqué surprise et irritation en Allemagne. 

Le président Frank-Walter Steinmeier et le chancelier Olaf Scholz.Image : Marcus Brandt/dpa/picture alliance

Côté politique aussi. Les sociaux-démocrates du SPD, le parti du président, sont en colère."C’est plus que fâcheux, nous sommes deux pays amis.Cela aurait été un bon signe que le président Steinmeier puisse faire le voyage à Kiev avec les autres chefs d'Etat. C’est incompréhensible, non seulement pour moi mais également pour bon nombre d’Allemands. Et malheureusement cela soulève la question de savoir de quelle manière, les Européens, l’OTAN, peuvent continuer de soutenir l’Ukraine. Il faut des relations appropriées", a réagi Nils Schmid, le porte-parole du groupe parlementaire SPD qui n'a pas mâché ses mots sur la radio publique Deutschlandfunk.

Nils Schmid insiste : l'invitation de Kiev au chancelier allemand Olaf Scholz, alors que l'Ukraine refuse de recevoir le président Steinmeier est un affront. Le vice-président du FDP, Wolfgang Kubicki, a déclaré à l'agence de presse allemande DPA qu'il ne pouvait "pas imaginer que le chancelier se rende dans un pays où le chef de l'Etat allemand avait été déclaré "indésirable". 

Ecoutez l'audio

This browser does not support the audio element.

Lire aussi → L'Allemagne a un nouveau chancelier et un nouveau gouvernement

"La formule Steinmeier " 

C’est notamment pour sa diplomatie de rapprochement avec la Russie lorsqu'il était ministre des Affaires étrangères sous Angela Merkel que Frank-Walter Steinmeier est critiqué à Kiev. Il a établi à l’époque ce qu’on a appelé "la formule Steinmeier " qui prévoyait l’organisation d’élections dans les régions séparatistes du Donbass qui aboutiraient à un statut spécial d’autonomie pour ces territoires.

Après des années d’impasse dans la mise en œuvre de l’accord de Minsk, le principal dispositif de résolution du conflit ukrainien après la crise de 2014, Frank-Walter Steinmeier s’était résolu a adopté une position plus conciliante envers la Russie.

Une attitude que les Ukrainiens ne semblent pas prêt à oublier même si récemment le président allemand fait son mea culpa en reconnaissant avoir fait une "erreur".

Lire aussi → Allemagne : le mea culpa de Frank-Walter Steinmeier
 

Passer la section A la une

A la une

Passer la section Plus d'article de DW