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HistoireAllemagne

Le 30 janvier 1933, Hitler arrive au pouvoir en Allemagne

30 janvier 2023

Il y a 90 ans exactement, Adolf Hitler arrive légalement au pouvoir : il est nommé chancelier par le président Hindenburg. Il restera plus de onze ans à la tête du pays. Son régime fait 70 millions de morts.

Paul von Hindenburg et Adolf Hitler, le 30 janvier 1933
Le président Hindenburg a nommé Hitler chancelierImage : dpa/picture-alliance

Le 30 janvier 1933, il y a 90 ans exactement, Adolf Hitler arrive au pouvoir en Allemagne. Légalement puisqu'il est nommé chancelier par le président Hindenburg.

Son parti, le NSDAP, dispose alors d'une majorité relative au Parlement. Adolf Hitler répète qu'il veut venger l'Allemagne de la défaite humiliante de 1918 et rendre sa grandeur au pays qui a perdu la Première guerre mondiale. Il instaure en quelques mois un régime totalitaire.

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Quand Adolf Hitler arrive au pouvoir, il a 44 ans et est la tête de file du mouvement nationaliste. Il a déjà fait de la prison pour un putsch manqué et publié Mein Kampf, en 1925, qui sera le manifeste de son idéologie raciste.

Certains mettent en garde contre son appétit de pouvoir, mais beaucoup sous-estiment le danger qu'il représente.

Les élites conservatrices et nationalistes pensent pouvoir utiliser Hitler, peintre autrichien raté et mégalomane, pour asseoir leur pouvoir.

Cette erreur d'appréciation ouvre la voie à la Seconde guerre mondiale, qui fera environ 70 millions de morts, entre 1939 et 1945.

Légitimation des urnes et répression de l'opposition

Le 30 janvier 1933 est donc la date de sa nomination au poste de chancelier. La plupart des Allemands n'ont pourtant pas voté pour lui aux élections de décembre 1932 : à ces élections, le NSDAP, le parti nazi, a obtenu 33,1% des suffrages.

Alors, après leur accession au pouvoir, les nazis veulent une légitimation par les urnes et organisent de nouvelles élections, le 5 mars 1933.

Ils disposent d'un groupe paramilitaire à leurs ordres, les SA, qui terrorisent leurs opposants et ceux qu'ils désignent comme leurs ennemis.

Ils interdisent le parti communiste et disposent ainsi d'une majorité au Parlement. Le 23 mars, une loi accorde les pleins pouvoirs au chancelier.

Une parade du NSDAP à Brunswick, en mai 1932. Le chef de la propagande nazie, Joseph Goebbels, adorait les mises en scène de masseImage : KHARBINE-TAPABOR/IMAGO

Le début de la dictature et l'adhésion des masses

Adolf Hitler déclare : "Je ne pense pas que ceux qui riaient autrefois continuent de rire aujourd'hui!" . Quand on le voit aujourd'hui gesticuler derrière son micro, avec ses accents hallucinés, il est difficile de se représenter que cet homme pouvait fasciner les foules. Charlie Chaplin lui-même singera le tribun dans son film Le dictateur.

Pourtant, le discours d'Adolf Hitler mobilise le peuple. En pleine crise économique, Hitler promet aux Allemands que l'empire – das Reich – leur redonnera leur supposée splendeur perdue. Et beaucoup veulent croire en ses promesses, alors qu'ils se sentent humiliés par l'armistice de 1918.

Les masses adhèrent à son idéologie raciste et antisémite qui clame la pureté d'une supposée "race aryenne supérieure". Les classes populaires espèrent, grâce à Hitler, maintenir leur niveau de vie.

Les responsables nazis eux-mêmes sont surpris de l'engouement populaire. Joseph Geobbels, le chef de la propagande, compare dans son journal l'arrivée de Hitler au pouvoir à "un conte de fées". C'est lui qui organise le culte de la personnalité du Führer.

Au Reichstag, les députés saluent Adolf Hitler par le salut nazi (1938)Image : picture-alliance/Imagno

L'incendie du Reichstag

Fin février 1933, les nazis incendient le Reichstag, le bâtiment où siègent les députés, à Berlin. Ils accusent un jeune communiste d'en être responsable. Dans la foulée, Adolf Hitler fait adopter des lois antiterroristes qui permettent une répression féroce.

Les opposants communistes et sociaux-démocrates sont déportés dans des camps de concentration. Le premier de ces camps d'internement est celui de Dachau, près de Munich.

Les syndicats sont interdits.

Les livres jugés dangereux sont brûlés dans des autodafés publics.

Les juifs sont persécutés et leurs biens spoliés.

Dès juillet 1933, le NSDAP est le parti unique du pays.

Les barbelés du camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau sont le symbole de la politique d'extermination mise en place par les nazis durant plus de onze ansImage : YAY Images/IMAGO

La terreur

A la mort du président Hindenburg en août 1934, Adolf Hitler peut diriger seul et pendant plus de onze ans, son régime sème la terreur.

Six millions de juifs sont massacrés durant l'holocauste planifié par les nazis, des centaines de milliers de Sinti et de Roms, d'homosexuels, de personnes handicapées et d'opposants politiques seront aussi tués.

En 1945, l'Allemagne perd la guerre. Plusieurs dirigeants nazis se suicident, à l'instar d'Hitler, avant d'avoir pu être jugés.

Des plaies ouvertes

Aujourd'hui encore, cette période de l'histoire allemande laisse des traces. Jusqu'à la Coupe du monde de football organisée en Allemagne en 2006, de nombreux Allemands avaient du mal à afficher leur patriotisme, écrasés par un sentiment de culpabilité historique. Ce n'est qu'à partir de ce Mondial que des citoyens ont commencé à arborer les couleurs du drapeau allemand.

Il aura fallu attendre 2010, 65 ans après la guerre, pour qu'une exposition soit organisée à Berlin sur le thème de "Hitler et les Allemands". L'historienne Susanne Erpel, commissaire de cette exposition, explique que la figure de Hitler, symbole du mal absolu, continue d'exercer un "charisme négatif".

En 2013, l'historienne déclare dans une interview : "Ils cherchent encore et toujours à comprendre comment cela a été possible et s'interrogent sur le courage civique qui a fait défaut à leurs aïeux " et qui les a empêchés de se libérer eux-mêmes de la dictature.