Allemagne : l'extrême droite bloque la nomination d'une juge
16 juillet 2025
Une campagne de désinformation sur les positions politiques de cette professeure de droit de 54 ans qui a commencé une dizaine de jours auparavant. Le 1er juillet, le média populiste de droite, Apollo News, avait publié un article rappelant que Frauke Brosius-Gersdorf voulait "interdire l'AfD", le parti d'extrême-droite, arrivé deuxième aux dernières élections fédérales.
L'année dernière, la juriste avait déclaré, dans une émission télévisée, qu'elle était en principe en faveur d'une procédure d'interdiction de ce parti, si jamais "il y avait suffisamment de preuves".
Dès lors, Frauke Brosius-Gersdorf était devenue l'ennemie de l'extrême-droite, dont plusieurs médias, se réclamant proches de la mouvance, se sont mobilisés pour exprimer leurs doutes quant à sa nomination en tant que juge constitutionnelle.
Des attaques massives sur sa position sur l'avortement
Mais c'est surtout en l'attaquant sur l'avortement que la campagne contre Frauke Brosius-Gersdorf a pris une autre tournure. L'an passé, la juriste avait participé à une commission portant sur "l'autodétermination reproductive et la médecine reproductive".
En Allemagne, l'avortement est dépénalisé, mais toujours illégal. Frauke Brosius-Gersdorf souhaiterait que, d'une part, l'avortement soit légalisé et que, d'autre part, en cas d'urgence, on considère que les droits fondamentaux de la femme sont plus importants que ceux d'un embryon.
Des positions qui lui ont valu un torrent de critiques. A Bamberg, en Bavière, un archevêque a notamment déclaré que ce serait un véritable "scandale" si cette juriste était nommée à la Cour constitutionnelle.
Une campagne de désinformation qui a abouti
Sur TikTok, des vidéos générées par l’intelligence artificielle suggéraient que Brosius-Gersdorf souhaitait autoriser l'avortement jusqu'au neuvième mois.
Des pétitions en ligne lancées par l'AfD, ainsi que des personnes adhérant aux idées d'extrême droite, sont apparues pour qu'elle ne soit pas élue à la Cour constitutionnelle. Des publicités ciblées ont inondé les réseaux sociaux.
Une campagne de désinformation qui a abouti puisque, pour la première fois de l'histoire de la Cour, un vote a dû être annulé et reporté sine die. Et à l'avenir, ce genre d'actions risque de se multiplier, selon Philipp Sälhoff, chef du think tank berlinois "Polisphere", qui a analysé toute la campagne contre Frauke Brosius-Gersdorf.