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CriminalitéAllemagne

Reichsbürger : Berlin veut tirer des conséquences

Anne Le Touzé | Avec agences
14 décembre 2022

Une semaine après le démantèlement de la cellule complotiste qui voulait renverser la démocratie, la ministre de l'Intérieur veut notamment durcir la loi sur le port d'armes, mais le projet est loin de pouvoir aboutir.

Des armes et des explosifs saisis lors d'une opération policière en 2019
Comme en 2019 (photo d'archive), la police a saisi de nombreuses armes lors de sa razzia contre les Reichsbürger, certaines de type militaireImage : Harald Tittel/dpa/picture alliance

Au moins 120 personnes étaient au courant des activités planifiées par les "Reichsbürger".

Devant la Commission des Affaires intérieures du Bundestag, la ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser, a évoqué la découverte, lors des perquisitions, d'un classeur rempli de plus d'une centaine de déclarations dans lesquelles des gens approchés par la cellule complotiste s'engageaient à garder le silence sur les projets du groupe, sous peine de sanctions. 

Interdire les armes semi-automatiques pour les particuliers

Le plus célèbre des suspects arrêtés est un descendant de la maison de Thuringe, Heinrich XIII Prince ReußImage : Boris Roessler/dpa/picture alliance

Il y a une semaine, la police allemande a arrêté 25 "citoyens du Reich" présumés, en Allemagne mais aussi en Autriche et en Italie. 22 d'entre eux sont accusés de participation à un groupe terroriste

Selon les enquêteurs, les complotistes projetaient de fonder 286 "compagnies de protection de la patrie" qui seraient chargées de procéder à des arrestations et des exécutions une fois le renversement des institutions accompli. 

De nombreuses armes, certaines de type militaire, ont été saisies lors des perquisitions. Des armes que la plupart des suspects arrêtés possédaient en toute légalité... Raison pour laquelle la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser souhaite durcir la législation en la matière, notamment en interdisant la possession, par les particuliers, d'armes semi-automatiques, qui sont assimilées à des armes de guerre. 

Mais avant de modifier la législation, certains députés comme Konstantin von Notze, du parti des Verts, réclament davantage d'informations.  

"Sur les questions de lois sur les armes, j'aimerais comprendre exactement quel type d'armes est impliqué, comment ils ont tenté de se procurer des armes. Avant d'appeler à un durcissement, nous devons voir s'il y a un quelconque problème dans le cadre légal tel qu'il existe aujourd'hui."

Le parti libéral FDP a quant à lui déjà exprimé son désaccord sur une modification de la législation.

Faciliter le limogeage de fonctionnaires extrémistes

L'ancienne députée de l'AfD Birgit Malsack Winkemann avait toujours un accès au BundestagImage : REUTERS

Nancy Faeser a également annoncé qu'elle voulait simplifier la procédure de limogeage des fonctionnaires jugés "anti-démocratiques". A l'heure actuelle, il faut un jugement du tribunal administratif.

"Nous ne voulons pas que des extrémistes mettent en danger notre démocratie de l'intérieur, au sein même du service public", a déclaré Nancy Faeser devant la presse.

D'autres découvertes faites lors des perquisitions laissent encore les enquêteurs perplexes. Comme cette liste de noms, trouvée chez l'un des suspects, sur laquelle figurent des personnalités politiques de haut rang telles qu'Annalena Baerbock, la ministre des Affaires étrangères, mais aussi des présentateurs de la télévision publique. 

Le Bundestag renforce sa sécurité

En août 2020, des manifestants anti-corona ont appelé à la révolution depuis les marches du BundestagImage : JeanMW/imago images

Les enquêteurs s'inquiètent aussi de la présence, parmi les suspects, d'une ancienne députée du parti d'extrême droite AfD. Celle-ci avait jusqu'ici encore accès aux locaux du parlement. Et comme la prise du Bundestag figurait sur lesplans des conspirationnistes, le Bundestag envisage de durcir ses règles d'accès. 

"Nous voulons rester une maison ouverte, y compris pour les citoyens, mais en même temps nous devons garantir la sécurité pour nous tous, et pour nos visiteurs", explique Alexander Trom, député de la CDU. "Cela implique que tout le monde ne puisse pas simplement obtenir un badge d'accès et qu'à l'avenir, on regarde de plus près. Ce n'était peut-être le cas jusqu'à présent."

En août 2020 déjà, plusieurs centaines de manifestants avaient tenté de prendre d'assaut le bâtiment du Bundestag. Les autorités allemandes veulent adopter des mesures pour empêcher ce genre de scènes de se reproduire, mais surtout pour sauvegarder la démocratie.