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Allemagne : un réseau conspirationniste devant la justice

Marco Wolter | Avec agences
21 mai 2024

Ils voulaient faire tomber le gouvernement : parmi les accusés, un prince, d'anciens officiers de l'armée allemande, ou encore une ex-députée d'extrême droite.

Un accusé se cache le visage dans la salle du tribunal
Les autorités allemandes ont classé ces dernières années la violence d'extrême droite au premier rang des menaces contre l'ordre public, avant le risque djihadisteImage : Bernd Weißbrod/dpa-Pool/picture alliance

En Allemagne a débuté ce mardi (21.05) à Francfort le procès de plusieurs membres d’un réseau complotiste jugées pour avoir voulu fomenter un coup d’Etat.

Lors des perquisitions, la police avait retrouvé près de 400 armes à feu et des dizaines de milliers de munitions.

Le groupe projetait d’envahir le Bundestag, le Parlement allemand, d’arrêter des élus et de faire tomber le gouvernement. Parmi leurs cibles se trouvaient le chancelier Olaf Scholz, la ministre des Affaires étrangères et le chef du parti conservateur.

Il s’agit du deuxième procès dans cette affaire. Un troisième va suivre à Munich.

Les défenseurs du prince Henri XIII Reuss ont rejeté les faits qui lui sont reprochés de même que le portrait des médias qui ont présenté leur client "comme le grand monstre"Image : Boris Roessler/dpa/picture alliance

"Deep state" et théories QAnon 

Cette fois, au tribunal de Francfort, se trouvent sur le banc des accusés les meneurs présumés du groupe, dont une ancienne élue du parti d'extrême-droite AfD, d'anciens haut gradés de l'armée, ainsi que la tête pensante, un certain Henri XIII, dit Prince Reuss, et descendant d’une lignée aristocrate de l’est de l’Allemagne.   

C’est lui que le groupuscule voulait installer à la tête du pays. Dans ses plans, la prise du Parlement se faisait avec le soutien des militaires allemands. Il projetait aussi de mettre la main sur une usine de production d’armes.    

Cette série de procès devrait permettre de mieux comprendre le fonctionnement de la mouvance dans laquelle naviguent les accusés, à savoir celle des "Reichsbürger", traduisez par les "citoyens du Reich", donc de l’Empire allemand.    

Les services de sécurité allemands les estiment au nombre de 20.000 dans le pays, dont plus de 2.000 seraient prêt à la violence.   

Ils ont en commun le rejet de la démocratie, des tendances monarchistes, la xénophobie et l'antisémitisme.

Selon le parquet fédéral, les accusés affirment que l'Allemagne est dominée par une "secte conspiratrice d'élites pédophiles". Le procès se tient sous très haute surveillance.Image : Nico Pointner/dpa/picture alliance

"Dangereux suspects terroristes" 

Selon l’acte d’accusation du parquet de Francfort, les accusés croient en l’existence d’un "Deep state", un "Etat profond", à l’image des théories complotistes proférées par Donald Trump aux Etats-Unis et du groupe QAnon. Cette idée d’être dominé par une élite criminelle se répand aussi en Allemagne, d’après l'Office fédéral de protection de la Constitution.

Selon le prince Reuss, le pouvoir allemand aurait pour objectif d'organiser le meurtre d'enfants et d'adolescents à grande échelle. Dans le cercle du prince, on va jusqu’à dire que les inondations meurtrières dans l’ouest de l'Allemagne en 2021 n’ont été qu'une tentative de dissimuler l’assassinat de centaines d’enfants en inondant d'anciens bunkers.

Mais pour la ministre allemande de l’intérieur, malgré ces théories délirantes, il ne faut pas s’y méprendre : ce ne sont pas des "fous inoffensifs, mais plutôt de dangereux suspects terroristes", qui préparaient "un coup d'Etat violent", animés "par la haine de notre démocratie".