Amères critiques...
22 mars 2010Le Saint Père affronte publiquement la souffrance des victimes des abus sexuels et de leurs familles, relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais il ne souligne pas seulement la responsabilité des coupables. Il dénonce aussi les échecs de la direction du clergé et des structures religieuses qui ont facilité ces péchés et ces crimes. Seuls des cyniques invétérés verront dans cet aveu un machiavélisme sans scrupules. Et ce n'est pas bagatelliser les choses que de dire, comme Benoît XVI, que les membres du clergé qui ont abusé de leurs protégés et trahi la confiance de leurs familles doivent répondre de leurs actes non seulement devant Dieu mais aussi devant la justice des hommes.
Cette lettre pastorale devient problématique lorsqu'elle tente d'expliquer les causes de ces abus, souligne la Süddeutsche Zeitung. Le Souverain Pontife insinue qu'ils ont surtout été favorisés par le laxisme moral du clergé et des paroissiens. Mais faire croire que seule une foi et une chasteté à toute épreuve pourront protéger contre les abus sexuels au sein de l'Église est ridicule. Selon la grille de lecture papale, les violences faites aux enfants et aux adolescents ne sont que le résultat d'une relativisation des valeurs qui a également touché l'Église. C'est un déni de réalité. À propos de réalité, le quotidien de Munich revient également sur les critiques assénées par Horst Köhler, le président de la République fédérale, à l'encontre de la coalition gouvernementale.
Ce qui fait dire à la Tageszeitung : les Allemands s'attendaient à une gouvernance forte de la part de la coalition CDU/CSU et FDP. Dans cette mesure, le bilan des premiers mois de ce gouvernement est décevant. Horst Köhler réclame une politique de réformes et un allègement des charges pesant sur les classes moyennes. Pour autant, il ne voit toutefois pas de marge de manœuvre actuellement pour des allègements fiscaux.
Cette interview n'est pas du goût de tout le monde, entre autres de Die Welt, qui remarque : le président a parlé, mais qu'a-t-il dit vraiment ? Il critique les banques et la danse autour du veau d'or, il se dit déçu par le travail de la coalition. Bien sûr, la protection du climat et la dette publique ne manquent pas à son menu et pour couronner le tout, il souligne les limites de la croissance et du consumérisme. Si ses déclarations sont politiquement correctes, il n'en reste pas moins le président de tous les pessimismes. Et de ceux-là, l'Allemagne en a vraiment assez.