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Voiture et mobilitéAfrique

Comment améliorer la sécurité aérienne en Afrique

19 août 2025

Les experts en sécurité aérienne affirment que la négligence, le manque de surveillance et le chaos climatique mettent de plus en plus de passagers en danger. Mais avant tout, il y a le facteur humain.

Senegal Dakar 2024 | Vue aérienne de Dakar depuis un avion dont on aperçoit une aile en haut de la photo
Les avions sont fiables, mais les humains faillibles, disent les expertsImage : Britta Pedersen/dpa/picture alliance

Si l'on s'en tient aux statistiques, le transport aérien compte parmi les plus sûrs. Et pourtant, comme récemment au Ghana ou au Kenya, il arrive que des accidents se produisent, fruits de négligences, d'une maintenance inappropriée ou résultats de changements météorologiques qui mettent les passagers des avions en danger. Et le plus souvent, les crashs aériens en Afrique sont dus à des erreurs humaines.

Accidents fréquents

Le 6 août dernier, un hélicoptère militaire utilisé par l'armée du Ghana s'est écrasé sur le flanc boisé d'une montagne, dans la région d'Ashanti. Les huit passagers à bord ont été tués dans l'accident, parmi eux le ministre de la Défense Edward Omane Boamah, le ministre de l'Environnement et des Sciences Ibrahim Murtala Muhammed, ainsi que d'autres personnalités de haut rang.

Dès le lendemain, un avion-ambulance Cessna exploité par AMREF Flying Doctors au Kenya s'est écrasé près de Nairobi sur une zone résidentielle, peu après son décollage. Ce crash s'est soldé par la mort de six personnes – quatre à bord et deux au sol.

Un peu plus tôt cette année, 21 travailleurs pétroliers sont morts dans l'accident de leur avion au Soudan du Sud (dans l'Etat d'Unity). Et en juin 2024, le vice-président du Malawi, l'ancienne Première dame et sept autres personnes ont perdu la vie dans un autre accident : leur avion s'est écrasé dans la réserve forestière de Chikangawa.

Parallèlement, on signale de plus en plus d'incidents liés à de fortes turbulences qui ont blessé plusieurs passagers lors de vols civils au-dessus du continent africain.

Erreur humaine et temps qui presse

Les experts du secteur affirment que les machines elles-mêmes ne sont pas en cause. Ils pointent du doigt les erreurs humaines, la négligence systémique, une culture de la sécurité insuffisante et des conditions météorologiques de plus en plus imprévisibles.

Godwin Ike est un consultant aérien nigérian. Il affirme que "les avions sont des machines fiables". Et il explique que les avions "tombent du ciel parce que les opérateurs humains ne sont pas toujours dignes de confiance et qu'ils sont souvent très malhonnêtes. (…) Qu'un avion ait présenté des problèmes ou non, il faut le faire réviser régulièrement, comme prévu. De cette façon, on peut l'utiliser sans problème."

Godwin Ike insiste sur des mesures simples qui peuvent faire toute la différence, comme refuser le décollage lorsque les systèmes automatisés détectent une défaillance.

Les pilotes doivent prendre les instructions au sérieuxImage : Craig Robinson/PantherMedia/IMAGO

 Attention à la météo

Pour Felicity Ahafianyo, directrice du Bureau central d'analyse et de prévision du Ghana, le plus grand danger ne réside pas tant dans la préparation et la réaction au sol que dans le ciel : le changement climatique a eu un effet, dit-elle, sur les conditions météorologiques dans les couches supérieures de l'atmosphère et certaines turbulences sont désormais moins prévisibles.

"Dans le secteur de l'aviation, la météo est un facteur clé, détaille l'experte. Le premier aspect concerne les activités convectives, c'est-à-dire la formation de nuages d'orage. Autres éléments importants : la visibilité et le vent."

L'équipe d'Ahafianyo est chargée de fournir aux hélicoptères diverses informations essentielles au bon fonctionnement et à la sécurité des appareils.

"Mais tous les pilotes ne sont pas à l'écoute", regrette-t-elle.

Godwin Ike précise que certains pilotes ne demandent que trop tard à atterrir en urgence, en particulier dans les cas où ils transportent des passagers importants, tels que des ministres ou d'autres dirigeants influents, dont le temps semble si précieux qu'il les pousse à enfreindre les protocoles de sécurité.

Le non-respect des normes internationales 

Les deux analystes soulignent également des défaillances politiques et réglementaires plus profondes.

La faiblesse de la surveillance gouvernementale, une culture de la sécurité insuffisante et les pressions économiques croissantes liées à la hausse des prix du carburant et au coût élevé des pièces de rechange augmentent les risques. Sans oublier le problème de la négligence humaine au sol qui pourrait être encore plus grave, d'après Godwin Ike.

Tant que l'industrie aéronautique africaine n'aura pas atteint les normes les plus élevées en matière de trafic aérien, l'expert nigérian estime que les pilotes devraient être informés qu'ils doivent traiter chaque alerte mécanique et chaque avertissement météorologique comme un ordre et non comme une suggestion.

Les organismes internationaux de l'aviation ont également exhorté à plusieurs reprises les gouvernements africains à renforcer l'application de leurs normes de sécurité.

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