La militante pour les droits du peuple sahraoui Aminatou Haidar a été espionnée à l'aide du logiciel Pegasus. Ce logiciel, commercialisé par une entreprise israélienne, permet à des Etats notamment de s'introduire dans les téléphones portables des personnes ciblées pour avoir accès à leurs conversations, leurs contacts et de prendre le contrôle de leur caméra ou d'utiliser leur téléphone portable comme micro pour les surveiller.

Aminatou Haidar, qui préside l'Instance sahraouie contre l'occupation marocaine (Isacom), a reçu, en 2019, le Prix Nobel alternatif décerné par la fondation Right Livelihood. Elle témoigne ici de ce nouvel épisode de répression.

L'interview en audio est à retrouver en cliquant sur l'image ci-dessous. 

Aminatou Haidar : En novembre 2021, j'ai reçu un message comme alerte de la part d'Apple, en me disant que mon téléphone est attaqué par un espion d'Etat. 

DW : Selon vous, qui vous espionne par l'intermédiaire de Pegasus ? 

Aminatou Haidar : C'est le Maroc évidemment, c'est le Maroc. Je suis sûre. 

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DW : Pourquoi est ce qui vous espionne comme ça ? Qu'est ce qu'ils pensent trouver dans votre téléphone, à votre avis ? Pourquoi vous ?

Aminatou Haidar : Je pense que c'est exactement pour m'embêter, pour me terroriser ou, à travers moi, ils veulent terroriser les autres activistes.

DW : Est-ce que vous continuez quand même à utiliser normalement votre téléphone ou est ce que dans ces cas là, quand on sait qu'on est surveillé, on change un peu sa façon de s'exprimer, on n'envoie pas forcément autant de choses aux mêmes personnes ... 

Aminatou Haidar : Ecoutez, la seule chose c'est que, par exemple, la caméra, maintenant, ils ont accès à la caméra, au micro. Je cache toujours la caméra, surtout dans des moments avec mon mari. Ça, ça touche vraiment la dignité personnelle.

DW : Quand on s'était rencontrées en 2019, au moment de la remise du prix Nobel alternatif, vous m'aviez dit "la résignation n'est pas une option"

Aminatou Haidar : Moi, je refuse la soumission. Jamais je l'accepterai parce que je suis sûre et certaine que je suis sur le bon chemin. Je suis fière de mon peuple. Nous défendons un droit légitime, à savoir le droit de détermination du peuple sahraoui qui est soutenu par le droit international. Notre cause est enregistrée devant les Nations-Unies comme question de décolonisation. Le Maroc, c'est une puissance occupante, alors je n'ai rien à craindre.

A réécouter : le magazine Droits et Libertés consacré à Aminatou Haidar