Angela Merkel présente son plan décrié sur le climat à l'ONU
23 septembre 2019En fin de semaine dernière, le gouvernement allemand a présenté un paquet de mesures "pour la protection du climat et la transition énergétique".
Angela Merkel devait le présenter ce lundi 23 septembre à New York devant les Nations Unies.
Les objectifs affichés, notamment en matière de réduction des émissions de CO2, sont censés faire des émules au sein de l’Union européenne et dans le monde.
Des contrôles indépendants
Angela Merkel se veut pionnière dans la lutte contre le réchauffement climatique. Son plan pour le climat prévoit la création d’un comité indépendant d'experts qui contrôlera chaque année si le gouvernement respecte bien ses engagements. .
Autres points importants : la mise en place d’une certification qui rendra plus chères les émissions nocives (de 10 à 35 € la tonne), la hausse du prix du carburant ou encore la baisse du prix des trajets en train.
Angela Merkel l'a reconnu : "Il y a de grands secteurs dans lesquels nous n’avons pas atteint nos objectifs : la construction, les transports… et là, nous avons de nombreuses initiatives pour encourager la population à se comporter de façon plus respectueuse envers le climat. Les gens seront amenés à changer leur comportement petit à petit. Pas en renonçant à la prospérité et au confort, mais en combinant l’économie sociale de marché et la composante écologique."
Insatisfaction et critiques
Les ONG environnementales trouvent ces mesures trop floues et insuffisantes. A quand, par exemple, l'abandon total du charbon ?
Les négociations entre CDU/CSU et SPD, les partis de la coalition gouvernementale, ont été tendues : leurs électorats respectifs n’ont pas les mêmes accointances avec la voiture, les taxes ou les énergies renouvelables.
D’ailleurs, les mesures annoncées seront compensées par une baisse du prix de l’électricité et, point très contesté par une partie de l’opposition, par une hausse du forfait alloué aux personnes qui prennent leur voiture pour se rendre au travail.
A l’extrême-droite, l’AfD craint que l’addition ne soit salée pour les consommateurs allemands.
De son côté, le parti libéral dénonce des "mesurettes" sans inventivité. Son chef Christian Lindner déplore l’absence de cadre juridique adapté. Il estime que "le gouvernement fédéral a fait le choix d’allier le cher à l’inefficace."
Christian Lindner qui menace d'opposer un "non" au paquet du gouvernement sur le climat, à la chambre haute du Parlement, le Bundesrat.
Les écologistes de Bündnis 90/Die Grünen ne croient pas non plus à l’efficacité des mesures gouvernementales. Annalena Baerbock a ainsi déclaré :
“Le gouvernement a échoué dans l’aspect humain de la protection du climat, c’est évident. Et ça continue avec ces sottises qui ne permettront pas d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris."
... en l’occurrence une réduction de 55% des gaz à effet de serre en 2030, par rapport au niveau de 1990.
Le Bundesrat, étape-clef
Or les voix des Verts, qui sont présents dans neuf des 16 Länder allemands, seront également primordiales pour adopter les mesures au Bundesrat.
Le gouvernement Merkel va donc devoir venir à bout des réticences de l'opposition, des collectivités locales et de l'opinion publique pour atteindre son objectif de faire de l’Allemagne un "pays climatiquement neutre" à l’horizon 2050.
Par ailleurs, une petite polémique entache les annonces gouvernementales en faveur de l'environnement : alors que les ministres allemands s'affichent en bus électrique devant la presse, la chancelière et sa ministre de la Défense ont été critiquées ce week-end pour avoir pris deux avions différents pour se rendre sur la côte Est des Etats-Unis. Motif avancé : la ministre allait à Washington alors que la chancelière était attendue à New York. Mais certains murmurent que la délégation de la ministre était trop importante pour trouver de la place dans l'avion d'Angela Merkel.