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Arabie saoudite : puissance surarmée, mais pas inébranlable

Hugo Flotat-Talon | Kersten Knipp
18 septembre 2019

Les attaques aux drones contre des sites pétroliers saoudiens ont démontré que le pays ne pouvait pas garantir la sécurité de ses sites stratégiques.

Royal Saudi Air Force Tornado IDS
En 2018, l'Arabie Saoudite a acheté pour plus de 67 milliards de dollars américains de matériel militaireImage : imago/StockTrek Images

L'Arabie Saoudite continue son enquête sur les attaques du samedi 14 septembre contre le royaume. Des drones ont ainsi attaqué un site pétrolier, provoquant la réduction de moitié de la production de pétrole dans le pays. Depuis cette attaque, les Etats-Unis accusent l'Iran. Le ministre des Affaires étrangères américain est d'ailleurs en Arabie saoudite ce mercredi 18 septembre et compte annoncer une "riposte". En attendant, pour l'Arabie saoudite, cette attaque est un véritable camouflet qui remet en cause la puissance du royaume pourtant surarmé.

L'attaque met au grand jour les failles de sécurité dans le pays. "Cela est très embarrassant pour l'Arabie saoudite", confirme Michael Lüders, expert allemand du Moyen-Orient et journaliste. "Le pays est le plus important acheteur d'armes américaines, 10% de toutes les exportations d'armes américaines sont destinées à l'Arabie saoudite. Avec seulement dix drones relativement faciles à produire ou à acheter, les Houthis ou d'autres parviennent à toucher le cœur de la production pétrolière saoudienne. C'est une honte incroyable."

67 milliards de dollars d'armes

Rien qu'en 2018, selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), l'Arabie Saoudite a acheté pour plus de 67 milliards de dollars américains de matériel militaire, soit plus que tout autre Etat de la région. Le royaume occupe le troisième rang mondial en termes d'achats d'armes, juste derrière les Etats-Unis et la Chine. 

Mais l'Arabie saoudite, en guerre au Yémen, fait face aussi depuis plusieurs mois à une multiplication des attaques houthis. Le groupe rebelle est soutenu par l'Iran et pose de nombreux problèmes à Riyad. "Nous avons connu un saut technologique ces derniers mois", explique Günter Meyer, directeur du Centre de recherche sur le monde arabe de l'Université de Mayence. "Celui-ci est principalement dû à Téhéran. La technologie nord-coréenne est aussi derrière tout cela. Mais l'origine de ces armes est certainement iranienne".

L'Arabie saoudite est le plus gros exportateur mondial d'or noirImage : AFP/F. Nureldine

Conseils américains

De quoi faire encore augmenter la tension entre les deux pays. D'autant que les Etats-Unis s'opposent à l'Iran et soutiennent l'Arabie saoudite. Néanmoins, Michael Lüders nuance les craintes d'une escalade. "Il est très intéressant de noter que les dirigeants saoudiens n'ont pas encore blâmé Téhéran pour cette attaque", estime-t-il. "Les autorités saoudiennes gardent un profil bas et sont maintenant susceptibles de discuter avec les Américains de la manière de répondre à cette attaque. Il me semble maintenant hors de question que l'Arabie saoudite ait l'idée d'attaquer l'Iran. Mais il y aura certainement des représailles."

Pour les experts, plus qu'une véritable intervention militaire, les Etats-Unis pourraient jouer le rôle de conseiller militaire pour l'Arabie saoudite dans les semaines et mois à venir. Des recommandations notamment en matière de défense aérienne.

Ce mercredi 18 septembre les Etats-Unis ont déjà annoncé des sanctions économiques contre l'Iran. Selon un tweet de Donald Trump, il s'agit d'un durcissement "substantiel" des sanctions via le Trésor. L'Allemagne a de son côté prolongé de six mois son embargo sur les ventes d'armes à Ryad, décidé après l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018.

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_