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Attaque contre l'Assemblée au Burkina : ils se souviennent

Richard Tiéné
16 novembre 2020

En 2014, des Burkinabè s'opposaient violemment à une révision constitutionnelle. L'Assemblée nationale prenait feu. Des acteurs de ce 30 octobre se souviennent à la veille des élections.

Les traces de l'incendie à l'Assemblée nationale en 2014 sont encore visibles aujourd'hui
Les traces de l'incendie à l'Assemblée nationale en 2014 sont encore visibles aujourd'huiImage : Richard Tiéné/DW

Ce dimanche 22 novembre 2020, les Burkinabè sont à nouveau appelés aux urnes. Un peu moins de six millions et demi d'électeurs sont appelés à désigner le président du Faso, sur 13 candidats en lice. Également en jeu : les mandats de 127 députés. L'occasion pour la DW de revenir suir les événements récents et marquant de la vie politique du pays. 

Assemblée en feu

Le 30 octobre 2014, suite à une insurrection populaire, des milliers de Burkinabè, indignés contre le projet de modification d'un article de la constitution limitant le mandat présidentiel, mettent le feu à l'assemblée nationale à Ouagadougou. Ils ne veulent pas d'un nouveau mandat de Blaise Compaoré, après 27 ans que celui-ci a déjà passé au pouvoir. Il finira par démissionner quelques jours plus tard. Un gouvernement de transition sera nommé. Roch Marc Christian Kaboré, après une transition ponctuée par un coup d'État, est élu à la tête du pays en 2015.

"La balle a frôlé mon bras" - Les acteurs se souviennent

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Aujourd'hui, six ans plus tard, il est impossible d'avoir accès à l'enceinte de ce qui faisait office de siège du parlement burkinabè. De l'extérieur, on aperçoit toutefois des carcasses des véhicules incendiés et un bâtiment dont les vitres de la façade principale ont volé en éclat. 

Konaté Teehl Loe, Zallé Yacouba et Ki Frédéric ont eux encore en mémoire les risques qu'ils ont pris en 2014 face aux forces de l'ordre et à l'ex RSP, le régiment de sécurité présidentielle de Blaise Compaoré. "Je me rappelle que bien qu'ayant les mains levées, je n'ai pas vu une seule personne avoir le courage de s'arrêter", raconte Konaté. "On savait que la balle qui allait peut-être mettre fin à notre vie pouvait être la prochaine. Mais l'avancée était commune, convergente, convaincue."

Zallé raconte qu'il avait soulevé ses bras. "Avec les tirs de sommation qu'ils faisaient en se repliant, la balle a frôlé mon bras." Les trois hommes racontent avoir chanté l'hymne national. "À notre arrivée à l'assemblée nationale (NDLR) on a vu des députés enjamber les murs. Il y' en a même que nous avons protégés", se souvient Ki Frédéric. 

En 2014, d’épaisses et spectaculaires fumées noires sortaient par les fenêtres brisées de l'AssembléeImage : Richard Tiéné/DW

Limitation du mandat présidentiel

Six ans plus tard, l'un des acquis majeurs de l'insurrection est selon-eux la limitation du mandat présidentiel. "Même si un diable venait à prendre le pouvoir au Burkina Faso, il ne lui viendra pas à l'idée de briguer un troisième mandant", assure Ki Frederic. "C'est donc une victoire, un acquis de l'insurrection que nul ne peut nous ôter." 

Des acquis mais aussi des déceptions qui laissent un goût amer. Le vote reste tout de même pour eux une priorité. "La plupart des candidats clament haut et fort et réclament leur volonté de faire revenir Blaise Compaoré que nous avons chassé à cor et à cri. C'est comme si finalement cette insurrection avait accouché d'une souris", disent-ils. Tous veulent aller voter dimanche, en "espérant que la personne élue respectera son programme". Et Ki Frederic de se satisfaire. "Actuellement la victoire c'est dans les urnes. Ce n'est plus dans les rues."