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Attaque de Bounty, encore des zones d'ombres

Paul Lorgerie
31 mars 2021

Au Mali, les organisations de défense des droits de l'homme réagissent prudemment au rapport de la Minusma sur la frappe de la force Barkhane près du village de Bounty.

Symbolbild Mali Islamistischer Terrorismus
Image : Yacouba Cisse/AP/dpa/picture alliance

Au moins 22 personnes avaient péri selon le rapport de la minusma. Alors que l’armée française aurait bel et bien commis une bavure, certaines zones d’ombres restent à éclaircir. 

Il était le premier à sonner l’alarme, le 4 janvier, au lendemain de la frappe qui a visé un rassemblement à 1 km de Bounty.

Amadoun Dicko, président de la jeunesse Tabital Pulaaku, une association de défense des droits de la communauté peule, se dit soulagé par les conclusions de ce rapport.

"Nous sommes vraiment soulagés. Mais quelque part, il y a 10% des conclusions du rapport dont nous n’avions pas connaissance. On a vu que le nombre de personnes tuées est de 22, dont 19 civils, ce que nous avions dit. Ils parlent bel et bien de 19 civils tués mais nous ne savons pas d’où sortent les 3 restants" réagit-il.

Et ce serait donc ces trois personnes que visait la force Barkhane.

Lire aussi →Un rapport accablant pour la force française au Mali

La France reste sur sa position

La France continue de nier, n’hésitant d’ailleurs pas à remettre en cause les conclusions du rapport, notamment au regard des témoignages. Dans un communiqué, le ministère français des armées argumente que "l’identité des témoins n’est jamais précisée tout comme les conditions dans lesquelles ces témoignages ont été recueillis. Il est dès lors impossible de distinguer les sources crédibles des faux témoignages d’éventuels sympathisants terroristes ou d’individus sous influence des groupes djihadistes."

Les précisions de Paul Lorgerie

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Un point que rejoint Me Moctar Mariko, président de l’Association malienne des Droits de l’homme, qui avait été l’un des premiers à demander l’ouverture d’une enquête sur cette affaire. 

"Nous pensons que l’enquête est très crédible. Mais dans ces zones, il existe une autre réalité. Si vous dites la vérité aujourd’hui, demain vous êtes mort. Il n’y a pas de protection. L’Etat n’arrive pas à assurer la protection des personnes et des biens." 

Ce qui est bel et bien sûr pour Me Mariko, c’est que des civils étaient présents sur les lieux. Mais que faisaient alors ces hommes en arme sur place ? Pour découvrir les dernières zones d’ombre, le défenseur des droits de l’Homme préconise une enquête judiciaire. 

"Il faudrait quand même que le parquet malien se saisisse de cette affaire pour faire la lumière. A ce moment, les gens auront la vérité, sauront ce qui a été fait à Bounty et l’Etat prend ses responsabilités, parce que c’est lui le responsable qui doit réparer ce préjudice" explique t-il.

En effet, si la culpabilité de l’armée française est fondée lors d’une potentielle enquête judiciaire, ce sera, normalement, à l’Etat malien d'assurer la réparation des dommages, en raison de l’accord de coopération militaire qui lie les deux pays.