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EconomieBurundi

Au Burundi, le carburant se trouve à la frontière congolaise

Antéditeste Niragira
25 juin 2024

Depuis près de deux mois, le Burundi fait face à une pénurie de carburant sans précédent, obligeant les Burundais à compter sur le trafic de carburant venu de RDC.

Une station essence, photo symbole
Les députés appellent le gouvernement à trouver une solution face à la crise du carburant Image : Solomon Muchew/DW

Depuis près de deux mois, le Burundi fait face à une pénurie de carburant sans précédent. La situation pousse les Burundais à aller se ravitailler à Uvira, dans l'est de la République démocratique du Congo. Mais la semaine dernière, les autorités provinciales congolaises ont interdit aux véhicules immatriculés au Burundi d'acheter de l'essence dans cette localité, redoutant que la pénurie de carburant au Burundi se répercute aussi en RDC. 

La frontière burundo-congolaise de Gatumba se situe à quinze kilomètres à l’ouest de Bujumbura. A deux cents mètres de la barrière environ, un mini marché de carburant est tenu par des femmes et quelques jeunes garçons. 

Deux femmes sont assises autour d’un seau de carburant avec des bouteilles à côté. Ici, le carburant se vend au détail, en bouteille plastique d’un litre et demi d’essence. A la pompe, la même quantité coûte 6.000 francs. Ici, combien coûte la bouteille ? 

"C’est 18.000 francs burundais, répond l’une d’elles. C’est le prix pour tous. Nous y perdons d’ailleurs en détaillant par bouteilles. Des fois, un bidon ne se remplit pas. Alors qu’un bidon équivaut à treize bouteilles, mais en détail, on peut obtenir 11 ou 12 bouteilles. C’est donc un manque à gagner. C’est mieux de le revendre par bidon rempli, mais le problème est que les clients s’approvisionnent souvent par bouteille. Par exemple, avant-hier, nous avons perdu la moitié d’une bouteille".

Ecoutez le reportage à Gatumba...

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Circuit clandestin

Ce jeune homme garde trois bidons enfouis dans un ruisseau, à côté de ce marché illégal de carburant. Cela lui permet de ne pas se faire repérer et de négocier tranquillement avec les clients. Il vend son produit par bidon de 20 litres qui coûte normalement 80.000 francs burundais à la pompe. 

"C’est 230.000 francs par bidon d’essence, explique-t-il. J’ai trois bidons enfouis là-bas. Si tu veux, tu t'approvisionnes ici même, et tu fais demi-tour. Même si tu pars avec le bidon, pas de souci. Mais si on te surprend en ville, tant pis ! Mais ici, à Gatumba, pas de problème en tout cas". 

Mais d’où vient ce carburant ? Matata Martin, un chauffeur, vient de faire le plein sur place avant de regagner Bujumbura. Depuis une semaine, il ne franchit plus la frontière de la RDC pour aller chercher du carburant. 

"Avant, dit-il, on s’approvisionnait facilement. Après un véhicule qui contenait du carburant a brûlé du côté congolais. Et les Congolais ont décidé de bloquer l’acheminement du carburant à la frontière. Les gens ont donc commencé à faire des contournements clandestins en passant par la rivière. Enfin, ils ont décidé d’interdire la traversée des voitures immatriculées au Burundi".

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Une crise du carburant

Depuis une semaine, seuls les véhicules des compagnies de transport reliant Bujumbura à l’est de la RDC peuvent franchir la frontière.

Les fraudeurs de carburant risquent de peines sévères lorsqu’ils se font attraper. Joël est chauffeur de taxi à Gatumba et il ne comprend pas cette répression. 

Selon lui, "les gens font la queue pour s’approvisionner en carburant au Congo. Mais s'ils retournent avec un bidon dans la voiture, ils sont punis comme des traîtres alors que c’est pour s’entraider, vous comprenez que c’est vraiment très inquiétant".  

La pénurie de carburant et sa vente frauduleuse deviennent une inquiétude généralisée au Burundi. Le sujet fait débat jusqu’à l’Assemblée nationale. La semaine dernière, les députés, inquiets, ont demandé au ministre de l’Energie de trouver des solutions durables à la crise du carburant.