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Cameroun: l'impunité est l'une des causes des tueries

17 février 2020

La mort de plusieurs civils dans la zone anglophone vendredi (14.02.20) révèle une incapacité des dirigeants à juger les coupables, selon des ONG. Celles-ci demandent une enquête indépendante.

Les forces armées accusées aussi de violences contre les civils
Les forces armées accusées aussi de violences contre les civils Image : DW/D. Köpp

L’armée a démenti lundi (14.02.20) avoir tué 22 civils dont des enfants vendredi (14.02.20). Les forces de défense évoquent un "malheureux accident" après des échanges de tirs entre militaires et séparatistes.

L'armée réfute la version de 22 personnes tuées et dresse un bilan de cinq victimes. Ce démenti survient alors que sept militaires devaient comparaître ce lundi (17.02.20) pour avoir exécuté en 2015 deux femmes et leurs enfants dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun.

Contexte alarmant en zone anglophone

Les violences entre séparatistes et l’armée camerounaise ont fait des milliers de morts dans les régions anglophones du pays. Amnesty International indique qu’il est difficile d’avoir des informations fiables sur les victimes civiles dans la zone anglophone. "Les gens ont peur de l’armée et des groupes séparatistes", constate Fabien Offner de l’ONG de défense des droits de l’Homme.

Depuis fin 2017, les violences dans cette zone ont fait plus de 3.000 morts, 679.000 personnes ont fui les combats et 600.000 enfants ont été privés d’accès à l’éducation, selon Human Rights Watch (HRW) qui qualifie la situation sécuritaire de "contexte alarmant".

La situation en zone anglophone prive des enfants d'écoleImage : DW/H. Fotso

L’Extrême-Nord du Cameroun n’est pas apaisé non plus. Depuis le début de cette année, il n’y a toujours pas d’accalmie dans les violences contre civils et la situation est préoccupante, a indiqué Paulguy Hyomeni, coordonnateur national du Réseau camerounais des organisations de droits de l’Homme :

"Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, on compte au moins 142 morts et dans la région de lExtrême-Nord, environ 47 morts. Nous ne faisons pas cas des gens qui sont blessés, des centres de santé qui sont détruits, incendiés, des maisons qui sont incendiées, des moyens de survie qui sont détruits."

Groupes armés toujours actifs

Avant le double scrutin du dimanche (09.02.20), une centaine de personnes ont été enlevées, selon HRW. Alors que 8.000 autres ont fui vers le Nigeria, a indiqué le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés(HCR). Et malgré le dialogue national d’octobre, la situation reste inquiétante pour les civils en zone anglophone.

→ A lire aussi : Cameroun : les raisons du faible taux de participation

Les séparatistes sont toujours actifs dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Il y a eu "des opérations militaires, pour certaines, extrêmement violentes et les atrocités se multiplient", témoigne Fabien Offner d’Amnesty International.

Impunité

L’ONG s’est aussi rendue dans l’Extrême-Nord du Cameroun, fin 2019, où les militaires combattent la secte islamiste Boko Haram et où les civils sont aussi victimes des violences. M. Offner dénonce "des assauts de ces groupes armés qui saccompagnent le plus souvent de pillages de biens et également denlèvements, dhomicides et toutes sortes dexactions."

HRW affirme que "l’impunité qui sévit ne fait qu’attiser ce cycle dévastateur de violences". Amnesty International observe, pour sa part, un manque de volonté politique. "Dans les dérives quont pu amener la lutte contre Boko Haram dans lExtrême-Nord, avec notamment des meurtres de civils par larmée camerounaise, il y a un vrai problème de volonté, sans doute politique, de juger ces militaires.", estime M. Offner.

Enfin, Amnesty international souhaite que justice soit rendue pour les violences subies par ces civils. Cela peut s’accompagner, propose l’ONG, par des enquêtes indépendantes sur le terrain. 

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